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Live reports / 06.05.2019

Mahalia, Trianon, Paris

15 avril 2019.

Un Badaboum il y n’a même pas un an, une Maroquinerie il y a quelques mois… et aujourd’hui un Trianon assez bien rempli. Mahalia traverse régulièrement la Manche et son aura s’étend nettement à mesure qu’elle publie des nouvelles chansons. Du coup, elle ne vient plus seulement avec son fidèle bassiste et directeur musical Charlie Fowler : un batteur (Samson Jatto) et un claviériste (Dan Diggas) épaississent les rangs et son prénom s’affiche en fond de scène. Mais la jeune femme originaire de Leicester n’a pas changé. À pas tout à fait 21 ans, Mahalia a de l’aplomb et une voix qui en impose – elle ouvre sur une longue séquence a cappella (Back up plan) – et une spontanéité parfois surprenante : il lui arrive de se planter, de rater le coche d’une mesure ou d’une note. Pas grave, elle le dit clairement, s’arrête, reprend. Elle dit aussi qu’elle a dû annuler la date précédente à Dijon pour cause d’extinction de voix. Mahalia est franche, Mahalia communique. Trop, même, tant ces longues présentations de chansons tronçonnent un set qui au final manque de rythme. On se serait bien passé aussi des parties vocales enregistrées. Superflues, voire gênantes quand elles viennent dédoubler son chant lead. En ressort une impression de playback alors qu’elle en a franchement sous le pied. Ce n’est heureusement pas systématique et la qualité du répertoire finit par s’imposer. Mahalia écrit franco et son timbre et sa plume ont le chic pour embarquer l’auditeur dans des tranches de vie d’une auteure qui tombe et se relève, qui vibre et qui mûrit. 

Mahalia prend toujours le temps, armée d’une guitare acoustique, de se replonger dans son “Diary Of Me”, sa mixtape originelle réalisée à 17 ans (17, Silly girl…), mais ce sont bien désormais ses titres post Sober (celui qui l’a réellement faite décoller) qui forment le plat de résistance. Quatre des cinq morceaux de son récent EP “Seasons” résonnent aussi : Hold on, One night only, Good reason, Surprise me. De l’excellent R&B en prise avec son époque et judicieusement gorgé de vibrations soul. Un petit mash-up comme elle aime faire ne dira pas le contraire, cette fois Cardi B (Be careful) se frotte à Lauryn Hill (Ex-factor). Do not distrub, son dernier single en date (pas facile à chanter, précise-t-elle), est de la partie mais manque un peu de relief. Son Sober aura plus d’effet. Introduit a cappella, repris au quart de tour par la salle. Du tout cuit. C’est là aussi que s’invite un petit break qui laisse le bassiste appuyer le groove, exactement le genre de choses qui permettraient au show de gagner en mordant et de passer un cap. Mahalia a tout pour en franchir plus d’un.

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot

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