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Live reports / 17.11.2022

Madison McFerrin, Pop-Up du Label, Paris

3 novembre 2022.

Très attachée à son indépendance, Madison McFerrin construit sa carrière à sa façon, entre tournées régulières et publication en streaming et en autoproduction de ses chansons, créant au fur et à mesure sa propre communauté de fans, qui avaient répondu en nombre à l’invitation à la retrouver, pour sa première prestation sur une scène parisienne depuis 2019, dans le cadre plutôt rock du Pop-Up du Label.

L’électro pop d’Anna Majidson, en première partie, est bien éloignée des centres d’intérêt de Soul Bag et semble d’ailleurs passer très au-dessus du public, qui ne se réveille qu’à l’arrivée de la vedette de la soirée. McFerrin, qui se produit désormais parfois avec des musiciens se présente seule sur scène, armée seulement d’un ordinateur et d’une machine type MPC avec laquelle elle construit ses boucles. Elle l’explique dès le début : ce soir, elle va jouer de vieilles chansons, des nouvelles, mais aussi quelques titres inédits. 

De fait, elle se balade tranquillement au cœur de son répertoire. Quelques chansons sont réinventées pour l’occasion : Know you better, en piano-voix sur le EP “You + I”, est ici rhabillé de boucles qu’elle prépare en live. Elle utilise également son looper pour No time to lose, dont la présence sur l’anthologie “Brownswood Bubblers Twelve”, sous l’égide de Gilles Peterson, avait contribué à la faire remarquer. La manipulation lui impose d’ailleurs de demander le silence à un public parfois un peu plus bruyant que raisonnable. La plupart du temps, cependant, elle se contente de chanter sur bande, ce qui enlève une part de spontanéité à l’ensemble, même s’il n’y a rien à redire de ses prestations, qu’il s’agisse du dernier single en date, Stay away (From me), ou de l’encore inédit Don’t leave me now, à l’évident potentiel tubesque. 

Entre les chansons, McFerrin enchaîne les blagues et parle beaucoup, sans doute trop, et elle n’a chanté que six ou sept titres quand elle annonce le dernier, Try, qui avait fait l’objet d’une vidéo remarquée dans la série Colors et qui est visiblement la raison de la présence d’une partie au moins du public. Avec à peine plus de 45 minutes sur scène, même en ajoutant une dernière chanson inédite, c’est quand même un peu court, même si McFerrin assure le service après-vente à la table de merch… 

Dans l’ensemble, le concert, trop bref et trop parasité par du bavardage, donne une impression d’inachevé un peu frustrante, à l’égard de l’évident potentiel de l’artiste. Il est certain qu’elle est aux portes d’une reconnaissance grand public d’ailleurs méritée, comme l’a illustré son invitation quelques jours plus tôt dans l’un des grands late shows américains. Mais cela passera sans doute par une autre façon, plus ambitieuse et plus exigeante, d’imaginer ses prestations sur scène.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Fouadoulicious

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