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Live reports / 30.10.2018

Maceo Parker

Né un 14 février à Kinston en Caroline du Nord, Maceo Parker était prédestiné. Pour le saxophoniste le plus iconique au monde, tout est question d'amour. L'amour du jeu, du son, de la musique et du partage. « It's all about love » : l'un des derniers ambassadeurs du funk bat le rappel de sa voix éraillée entre chaque morceau (à moins qu'il ne s'agisse d'une auto-promo déguisée pour son dernier album, baptisé ainsi). Des morceaux qu'il souffle comme au premier jour. À 75 ans, son attaque si caractéristique, percutante et chaloupée, a remué, secoué, et piloté à distance les jeunes et moins jeunes, massés haut jusque sur la mezzanine du Bikini, visiblement trop petit ce soir-là.

 

 

 

 

 

Tellement rodé et en même temps jamais rassasié, Maceo fait toujours preuve d'une générosité toute juvénile sur scène. Affable, coquin (comme avec cette version de Satin doll expédiée sans recommandé, « les 2 % de jazz réglementaires dans mon show », lance-t-il goguenard à la foule), le musicien expert a tenu son rang au cœur d'une horlogerie parfaitement huilée. Entre groove incandescent, moments plus posés et hommage appuyé à ses pairs. Sans impair : James Brown forcément, Ray Charles (une relecture de You don't know me), Marvin Gaye (jolie version de Let's get it on soutenue en lead par la guitare de Bruno Speight, qui finira d'ailleurs son solo ampli débranché), ou encore Funkadelic, dont l'un des représentants historiques, le bassiste Rodney “Skeet” Curtis, fait aujourd'hui partie du band de Maceo. La section rythmique qu'il forme avec la batteuse Nikki Glaspie, ancienne protégée de Beyoncé, aura d'ailleurs été l'un des chocs de la soirée. Slap à décorner les bœufs pour l'un, frappe d'une puissance incarnée pour l'autre (quel solo de la demoiselle sur Cold sweat !). Ces deux-là étaient faits pour s'entendre.

 

 


Rodney “Skeet” Curtis

 


Nikki Glaspie

 


Bruno Speight

 

 


Greg Boyer

 


Darliene Parker

 

Ne manquait que Prince (ses fans étaient bien collés au premier rang, rassurez-vous). Évocation plus subtile cette fois, avec un instrumental de 1999 accompagnant l'entrée de Maceo, et une chemise pourpre en guise de dress code portée par chaque musicien. Implacable et impeccable, comme les souliers vernis de Mister Parker qui auront dépoussiéré la scène deux heures durant, avec leurs petits pas de danse bien sentis. Elephant's foot, vous êtes sûrs ?

Mathieu Bellisario
Photos © Anna Carbonnel

Line-up : Maceo Parker (saxophone, chant), Greg Boyer (trombone), Will Boulware (claviers), Bruno Speight (guitare), Rodney “Skeet” Curtis (basse), Nikki Glaspie (batterie), Darliene Parker (chœurs).