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Chroniques / 31.05.2020

Lula Collins, The Delta Gospel Queen

La première réédition depuis sa sortie, en vinyle uniquement, de cet album fort recherché par les collectionneurs est un événement majeur pour les amateurs de gospel. Considérée dans les années 1970 comme l’une des grandes voix du gospel dans les États du Sud mais à peu près inconnue en dehors de sa région, Lula Collins était surtout réputée pour ses prestations live dans le circuit religieux – la légende veut que Shirley Caesar ait refusé de partager l’affiche avec elle, de peur de la concurrence –, mais a peu enregistré (trois albums, une poignée de singles) et uniquement pour des micro-labels locaux.

Jusqu’ici, cette maigre discographie avait été à peine rééditée sur quelques compilations et son œuvre est très largement oubliée. Cette réédition sur un petit label britannique – que l’on espère légale malgré le peu d’informations figurant sur le disque et sur le site du label – permet enfin un accès démocratique (l’original atteint facilement les 300 € dans le commerce, quand il est trouvable) à un enregistrement qui fait sans aucun doute partie des meilleurs disques de l’histoire du gospel, toutes époques confondues. Lula Collins est une chanteuse de la trempe d’une Mahalia Jackson, par qui elle est évidemment influencée, mais une Mahalia qui aurait nourri son chant du blues et du gospel de Memphis plus que du jazz de La Nouvelle-Orléans.

Malgré une production à la limite de l’amateurisme et un accompagnement parfois chaotique, Collins sublime de son chant sûr et expressif standards et compositions originales. Sommet de l’album, Hold on (Keep the faith) est une leçon de feeling et une démonstration de puissance qui, comme le reste du disque, transcende les distinctions de genre entre blues, soul et gospel. Chef-d’œuvre !

Frédéric Adrian

Note : ★★★★★ (Le Pied)
Label : Salvation Rock
Sortie : 21 octobre 2019

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