;
Live reports / 18.04.2025

Lowland Brothers, New Morning, Paris, 2025

8 avril 2025.

À peine passé la porte de la salle de la rue des Petites Écuries, c’est la voix de Sam Cooke qui retentit : la production a eu l’excellente idée de demander à Maître Madj, cofondateur du label hip-hop Assassin Productions et responsable de deux anthologies consacrées aux premières années de Motown (“Motor City – The Artists And Music That Started Tamla Motown”), d’ambiancer l’arrivée des spectateurs et sa sélection de goût – blues, rhythm and blues, early soul, girls groups… – fait tranquillement monter la température dans la salle. 

Avec les Lowland Brothers, ce sont les Fran-Tones qui inaugurent la soirée. Emmenés par le chanteur et guitariste Francis Viel, ce faux nouveau groupe donne seulement le deuxième concert de son existence, mais s’inscrit dans la continuité des Wave Chargers, qui ont longtemps promené sur les scènes des clubs parisiens et dans les festivals de toute l’Europe leur musique surf musclée, entre Dick Dale et Los Straitjackets. En trio sans basse, les Fran-Tones continuent dans la même voie et enchaînent avec enthousiasme les classiques du genre sans céder aux évidences, comme l’irrésistible Watusi ’64 de Jay Bentley and The Jet Set.

The Fran-Tones

Le temps d’un court nouveau set de Maître Madj, et c’est le moment pour les Lowland Brothers de s’emparer de la scène. Habitués des scènes franciliennes depuis leurs débuts – y compris en première partie –, les faux frères n’avaient jusqu’ici jamais joué au New Morning, et c’est un public copieux et très enthousiaste qui les attend. Pas besoin de tour de chauffe, ni pour le groupe, ni pour les spectateurs : le show, visiblement très rodé, démarre sur les chapeaux de roue, avec un répertoire essentiellement original (à l’exception de la reprise des Relatives Don’t let me fall, qui apparaît sur le dernier album) qui emprunte aux deux disques déjà parus du groupe, “Lowland Brothers” et “Over The Fence”. 

Lowland Brothers
Hugo Deviers, Nico Duportal, Max Genouel, Gilles Delagrange

Si les membres du groupe (Nico Duportal (guitare, chant), Hugo Deviers (guitare, percussions, chœurs), Max Genouel (basse, chœurs), Gilles Delagrange (batterie) et Julien Bouyssou (claviers)) ont largement fait leurs classes sur la scène blues française, de Rosebud Blue Sauce à Malted Milk, le son de l’ensemble ne s’y réduit pas, et inclut largement des éléments soul, country et rock sudiste, sans pour autant céder aux tiédeurs d’une certaine americana. Il faut dire que, outre le jeu impeccable de l’ensemble des protagonistes et leur implication scénique – ces chœurs… –, le groupe dispose, même avec sa discographie finalement limitée, d’un solide répertoire original, avec des chansons accrocheuses et sans clichés comme Two pounds of loaded steel, Here come the shadow heroes et Little big man.

Sagement installé au fond de la salle, Benoît Blue Boy apprécie en connaisseur, tandis que la salle toute entière fait un triomphe bruyant aux musiciens présents sur scène. Au vu de leur programme de tournée des prochains mois, nul doute que cet enthousiasme sera contagieux et portera le groupe dans les prochaines étapes de sa carrière.

Texte : Frédéric Adrian
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux