;
Live reports / 12.06.2019

Louis Cole, Badaboum, Paris

18 mai 2019.

« Après tout, je ne suis qu’un être humain. » Encore fallait-il le préciser, et profiter que son ordinateur lui joue un mauvais tour (un petit plantage juste avant de lancer l’une des premières boucles pré-enregistrées du set) pour que Louis Cole montre enfin ses “faiblesses”. Bien naturelles. Hormis ce léger couac, aucun bug à signaler dans le logiciel du prodige américain. D’ordinaire accompagné de son groupe Knower, de sa protégée Geneviève Artadi, voire même d’un Big Band (comme cet été à Jazz à Sète), Louis Cole la joue cette fois solo. Avec uniquement sa batterie et son clavier-maître pour lui tenir compagnie sur scène. Une formule mise en place depuis 2014 et dans laquelle le multi-instrumentiste se sent parfaitement à son aise. Celle qui lui a permis de se bâtir une réputation de brillant showman qui fait tout bien tout seul. Capable dans un petit périmètre de balancer en quelques notes une intro survitaminée sur des synthétiseurs qui lui servent aussi à créer des lignes de basse funky en diable. Tout est pensé, réfléchi et parfaitement exécuté.

Et puis quand tout est bien calé, enregistré piste après piste (quand son Mac veut bien s’en donner la peine), le grand échalas bondit derrière les fûts pour faire sonner avec vitesse et précision quelques grooves stellaires dont il a le secret. Intenable, imbattable. Perché haut dans un écosystème qui n’appartient qu’à lui, inventeur des “short songs”, des morceaux très courts qu’il enchaîne avec une dextérité bluffante, Louis Cole sait pourtant garder les pieds sur terre. Son talent, immense malgré une voix un peu frêle (c’est aussi ce qui le rend attachant) ne saurait être suffisant pour expliquer à lui seul la qualité des morceaux distillés ce soir-là au public du Badaboum. Il y a du travail, beaucoup du travail derrière l’apparente décontraction de ce garçon un peu gauche qui s’agite de tout son long dans sa combinaison moulante. Beaucoup de travail aussi derrière la simplicité de ThinkingF it up, ou When you’re ugly. Des compositions qui ont toutes en commun leur appétence pour l’efficacité pop, nouée avec un amour véritable dans le son des années 1980. Pas mal d’électro dans la machine, mais surtout beaucoup de sentiments. Un être humain, avant tout.

Texte : Mathieu Bellisario
Image © alaindmj via YouTube

Badaboumelectrofunklive in ParisLouis ColeMathieu Bellisario