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Chroniques / 11.06.2019

Long Slow Train, The Soul Music Of Sharon Jones and the Dap-Kings

Avec ses longues années de lutte dans l’obscurité, sa patiente ascension vers la lumière, son triomphe vite terni par la maladie et sa fin tragique, la vie et la carrière de Sharon Jones méritait largement d’être racontée, d’autant que son personnage principal était, en personne, à la hauteur de son image scénique. Il est d’ailleurs navrant que le projet d’autobiographie envisagé un temps n’ait pu être concrétisé, tant Jones elle-même savait se raconter avec la juste mesure d’égocentrisme et d’autodérision.

Le présent ouvrage, semble-t-il le premier sur le sujet, ne fait que renforcer ce regret. Écrit par un journaliste canadien, il ne s’agit pas d’une biographie – même s’il reprend parcimonieusement quelques données factuelles – mais d’une sorte de méditation autour de la figure et de la carrière de Jones à partir d’une grille d’analyse propre à l’auteur, à savoir le rapport de celle-ci au gospel qu’elle a chanté dans sa jeunesse ainsi qu’à une certaine authenticité soul définie de façon très restrictive comme celle issue des studios Stax dans le courant des années 1960, le tout étant prétexte à des attaques récurrentes à la fois contre les chanteuses soul qui ont précédé Sharon Jones et contre l’ensemble de la scène musicale contemporaine, hip-hop au premier chef.

Parsemé d’erreurs factuelles majeures et d’analyses au mieux étonnantes – l’auteur affirme ainsi que Jones est plus importante historiquement qu’Aretha Franklin, Tina Turner et Gladys Knight, ce qui mériterait au moins d’être étayé –, l’ouvrage, par ailleurs fort difficile à lire du fait d’un style emphatique très répétitif, en dit plus des obsessions personnelles de l’auteur que de la vie et de l’œuvre de son sujet, pour le coup bien mal traitée par cet “hommage” mal venu.

Frédéric Adrian

• Par Donald Brackett, Backbeat Books, 230 p., anglais, 24,99 $

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