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Brèves / 07.01.2016

Long John Hunter, 1931-2016

Bien que déjà sexagénaire, c'est avec la publication de l'album “Ride With Me” sur le label néerlandais Black Magic qu'on avait véritablement découvert Long John Hunter en 1992 alors qu'il avait une longue carrière derrière lui.

Né le 13 juillet 1931 à Ringold en Louisiane, élevé à Magnolia en Arkansas, il se retrouva à Beaumont, Texas, au début des années 1950, quand la musique de Clifton Chenier, Clarence Garlow ou Gatemouth Brown y était populaire. Mais c'est B.B. King qu'il avait vu en concert qui l'impressionna et l'incita à s'acheter une guitare. Sa maturité musicale lui permet d'enregistrer dès 1953 un premier 45-tours pour Duke, mais elle n'est pas suffisamment affirmée pour lui permettre de se distinguer. En 1957, John Hunter va s'installer à El Paso, mais c'est de l'autre côté du Rio Grande qu'il va se produire régulièrement, au Lobby Club de Juarez, avec un orchestre constitué de musiciens mexicains. Il ne sortira guère de ce club durant treize ans, n'enregistrant que quelques 45-tours pour Yucca Records, un label du Nouveau Mexique proposant des artistes rock (Bobby Fuller Four), country ou blues. C'est à Alamogordo que John Hunter grava sa première séance Yucca où figurait El Paso rock qui deviendra sa signature musicale, un instrumental à mi-chemin entre Bill Doggett et Freddie King. Sa production pour Yucca, entre 1961 et 1963, fut d'abord présentée sur un LP hollandais Double Trouble de 1986 (“Texas Border Town Blues”), puis reprise en 1999 sur un CD Norton (“Ooh Wee Pretty Baby”).

 


Utrecht, 28 novembre 1992 © Jean-Pierre Arniac

 


Écaussinnes, 16 mai 1998 © Brigitte Charvolin

 

Son premier album véritable, “Smooth Magic” sur Boss, en 1985 ne suscitera guère l'enthousiasme. C'est donc bien “Ride With Me” qui braqua enfin le projecteur sur cet authentique bluesman et attira l'attention de Bruce Iglauer d'Alligator Records. Il le réédita d'ailleurs en 1998, mais, auparavant, il publia “Border Town Legend” en 1996 et “Swinging From The Rafters” l'année suivante.

Trois acteurs majeurs issus de cette Gulf Coast où les bayous de Louisiane rejoignent les forêts de pins du Texas furent réunis par Iglauer en 1999 pour l'album “Lone-Star Shootout”. Lohn John Hunter y retrouvait Lonnie Brooks et Phillip Walker qui n'a jamais caché l'influence qu'Hunter avait exercée sur lui.

 



Long John Hunter et Phillip Walker. Bayonne, 2000 © Brigitte Charvolin

 


Lonnie Brooks, Long John Hunter et Phillip Walker. Vienne, juillet 2001 © Brigitte Charvolin

 

Dans la famille Hunter, il y a aussi un frère cadet chanteur-guitariste, Tom “Bluesman” Hunter. C'est ce que révèle un CD de 2003, “One Foot In Texas”, produit par Eddie Stout sur Doc Blues, avec le renfort de Tommy Shannon et Chris Clayton (le Double Trouble de SRV) et des Texas Horns de Kaz Kazanoff.

Sans que l'on sache vraiment pourquoi, la carrière de Long John Hunter connaît alors une éclipse. On n'entend guère parler de lui jusqu'en 2008 quand paraît l'album “Looking For A Party” sur Blues Express qui prouve qu'il n'a rien perdu de ses qualités d'instrumentiste et de chanteur. Malgré le répertoire original et la production soignée signée Dennis Walker, le disque passe inaperçu, la faute sans doute à une distribution trop confidentielle. Il clôturera une carrière discographique modeste en quantité mais d'une qualité artistique élevée qui méritera un jour d'être réévaluée.

C'est chez lui, à Phoenix, Arizona, et pendant son sommeil qu'il s'est éteint le 4 janvier 2016.

Jacques Périn 

 


Vienne, juillet 2001 © Brigitte Charvolin