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Brèves / 02.05.2011

Live from the States : Soul of the blues

Installé depuis 1999 dans l’ancien dépôt ferroviaire de Clarksdale, le Delta Blues Museum ne déçoit pas. Les collections d’instruments sont absolument remarquables avec une superbe kora africaine dès l’entrée, un banjo de Gus Cannon, les exemplaires de guitares de John Lee Hooker, B. B. King, Jimmy Burns, James « Son » Thomas et Big Joe Williams (notre photo) figurant aussi parmi les plus belles pièces. A propos de James Thomas, il faut également signaler ses inattendues sculptures macabres, dont celle d’une femme dans un cercueil. Bien entendu, on s’arrête avec émotion à l’espace consacré à Muddy Waters, d’autant que la maison dans laquelle il vivait à la Stovall Plantation (et où furent réalisés ses premiers enregistrements en 1941) a été transférée et reconstituée ici. Enfin, Robert Johnson a lui aussi sa section, qui insiste particulièrement sur le Three Storks Store, où il a été empoisonné en 1938, ce qui entraînera sa mort. Inutile ensuite de reprendre la voiture pour se rendre au Cat Head Delta Blues & Folk Art de Roger Stolle, écrivain, organisateur de festivals et d’évènements, producteur de musiciens et de films, etc. Sa boutique ressemble de prime abord à un bric-à-brac, mais en y regardant de plus près, on s’aperçoit qu’elle recèle des œuvres qui attestent de la variété d’un art local méconnu (peintures et sculptures sur bois sont très réussies). Mais on y trouve aussi des CD, des DVD, des livres et de la presse spécialisée en quantité. Toujours à deux pas, Bubba O’Keefe a racheté les anciens locaux de la radio WROX, une station légendaire au Mississippi : en 1947, trois ans après sa fondation, Early Wright devient le premier animateur noir du Mississippi, et il officiera derrière le micro durant 52 ans ! Aujourd’hui, O’Keefe compte en faire un musée mais il lui reste du travail. Pour l’heure, il rassemble tout ce qu’il a pu récupéré, et ses fouilles l’ont d’ailleurs conduit à une découverte stupéfiante : le rapport d’un policier qui fut le premier témoin en 1937 de l’accident de voiture fatal à Bessie Smith. Il a bien voulu nous montrer ce document qui semble authentique et nous en remettre une copie. Nul doute que nous y reviendrons prochainement. Mais patience, car c’est une autre et drôle d’histoire… Et en attendant, quelques heures nous auront suffi pour comprendre qu’en 2011, l’âme du blues rôdait plus que jamais sur Clarksdale.

The Blues Fools (Co & Dan).