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Live reports / 26.03.2015

Lil’ Ed & The Blues Imperials

Les tournées de blues ne passent plus nécessairement par Paris, c'était donc une bonne nouvelle de savoir que Lil' Ed et ses Blues Imperials s'arrêtaient au New Morning au cours d'un périple chargé.

Lil' Ed Williams
 

Depuis le temps qu'il sillonne les routes du blues, on a appris à connaître le petit bonhomme au fez à paillettes. Et même s'il déroule la même histoire depuis des lustres, il serait vain de vouloir y résister. Justement parce que cette façon immuable de balancer son Chicago blues d'un autre temps est la meilleure preuve de son intégrité artistique. L'héritage de tonton J.B. Hutto se perpétue chaque soir au travers de sa slide acérée et bouillonnante. Et tant pis si parfois, ça coince un peu, on ne s'arrête pas aux détails dans le feu de l'action. On a appris ça depuis Hound Dog Taylor.


 

Les pièces rapides, en shuffle, sont bien sûr la grande spécialité de Lil' Ed qui peut y aller de ces grands coups de guitare slide qui déclenchent un irrésistible besoin de taper du pied. Mais, le registre low down lui va bien aussi, il excelle dans les morceaux lents, en mineur, là où sa voix peut se déployer. Il crée alors un climat dramatique vite démenti par des mimiques et des roulements d'yeux !

Lil' Ed Williams et Kelly Littleton
 

On est un peu déçu de ne pas voir le fidèle "Pookie" Young à la basse, mais on se console en constatant que Michael Scharff fait le job. Derrière ses fûts, Kelly Littleton ne cède pas à la routine, sa vigilance attentive pousse son leader. A la seconde guitare, Michael Garrett paraît bien amaigri (il vient de subir un pontage après deux accidents cardiaques), mais il tient sa place avec son habituelle efficacité, s'octroyant même deux morceaux en leader.

Michael Scharff

Kelly Littleton

Michael Garrett
 

Il faisait donc bon se retrouver dans la mythique salle de la rue des Petites-Écuries pour ce moment de blues sans fioriture, franc du collier, avec un public averti et participatif où l'on reconnaissait quelques visages familiers, comme ceux de Robin McKelle et d'Otis Taylor. Shakura S'Aida, en vacances à Paris, était aussi là et nous offrit le frisson de la soirée lorsqu'elle répondit à l'invitation du groupe.

Shakura S'Aida et Lil' Ed
 

La belle et sculpturale Shakura, perchée sur ses talons hauts, surplombait un Lil' Ed ravi et stimulé pour un échange totalement improvisé où la drôlerie le disputait au plaisir musical, dans la grande tradition du black entertainement.

 

Texte Jacques Périn – Photos J.-M. Rock'n Blues