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Chroniques / 03.08.2020

Lianne La Havas, Lianne La Havas

Sans doute trop popisante et radiogénique, la musique de Lianne La Havas n’avait jusqu’alors pas su gagner les faveurs des rédacteurs de Soul Bag. Pourtant, même ceux qui ont boudé ses deux albums précédents mériteraient de jeter une oreille attentive au dernier opus de l’Anglaise.

Exit les poses sophistiquées comme celle de la pochette rose papier glacé de son devancier “Blood”, place à la spontanéité fraîche et innocente d’un joli cliché pris par son ami musicien Bruno Major. Pas davantage de tubes que la chanteuse n’avait même pas envie de défendre sur scène, à l’instar de ce What you don’t do qu’elle n’a jamais considéré comme sien, faute d’avoir participé à son écriture. Bien au contraire, ce disque éponyme voit enfin La Havas totalement maîtresse de son art, co-produisant l’ensemble des douze titres avec l’assistance de nombreuses pointures, dont son fidèle complice Matt Hales. Résolument introspectif, l’artiste y explore les différents stades d’une relation amoureuse, de la béatitude d’une première rencontre (le désinvolte Read my mind et ses étourdissantes inflexions vocales jazzy) aux vicissitudes d’une vie de couple établie (le voluptueux Please don’t make me cry, coécrit avec Nick Hakim).

La palette musicale proposée ici est riche et inspirée. De la pop soul efficace et solaire de Can’t fight ou Bittersweet aux teintes brésiliennes grisantes de Seven times, en passant par quelques sublimes ballades acoustiques comme Courage ou ce Paper thin qui touche et réconforte à la manière d’un Lean on me ou You’ve got a friend. Mentionnons aussi son excellente reprise du Weird fishes de Radiohead, servie par des arrangements revisités avec audace et une interprétation aussi personnelle qu’habitée. Avec ce troisième album de haute volée, Lianne La Havas semble enfin s’être trouvée.

Mathieu Presseq

Note : ★★★★
Label : Warner
Sortie : 17 juillet 2020

Lianne La HavasMathieu PresseqWarner Records