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Live reports / 20.04.2019

Leyla McCalla, La Cigale, Paris

27 mars 2019.

Cinq mois après un Quai Branly qui donnait le coup d’envoi d’une tournée avant-goût de son nouvel album, la multi-instrumentiste et chanteuse Leyla McCalla était de retour dans la capitale française. Un rendez-vous immanquable pour Soul Bag qui suit cette belle plante depuis ses toutes premières pousses néo-orléanaises datant de 2011.

Avant l’arrivée de Miss McCalla, un (trop) rapide et prometteur aperçu de ce que le Franco-Américain Cory Seznec est capable de proposer armé de simples cordes (vocales, guitare et banjo). Une poignée de titres qui nous rappellent au passage que son univers personnel est aussi découvrir dans une configuration plus épaissie, à l’image de l’excellent “Backroad Carnival”, son dernier album en date (cf. SB n° 227).

Un micro-entracte plus tard et voilà qu’on retrouve sur scène celle pour qui le public s’est confortablement installé (ce soir, la Cigale est intégralement assise, pourquoi pas). Pour celles et ceux qui l’avait déjà vue au Quai Branly, aucun changement dans le line-up et la disposition scénique, tout comme ce presque flegme qui caractérise le phrasé de la demoiselle. 

Présentation didactique et contextuelle de chaque titre, dans un français qu’elle annonce bancal mais que tout le monde comprend très bien, exceptés ses propres musiciens. Un détail qui la fera rire et l’obligera à retraduire en anglais certaine choses à ses partenaires puisqu’elle passera une bonne partie du concert à échanger naturellement avec la salle. Un public qu’elle invitera par exemple à fredonner sur le très caribéen Mize pa dousou à lui donner la réplique (façon call & response) sur Manman mwen. À l’image de ces deux titres pioché dans “Capitalist Blues” et “Varied-Colored Songs”, elle jouera ce soir un chouette panaché des trois albums parus à ce jour sous son nom.

Une différence peut-être avec son précédent tour de chant parisien est la place qu’elle laisse cette fois aux envolées solos des musiciens. Et c’est notamment celles de l’excellent guitariste qui nous restera en mémoire. Élégante demi-caisse en bandoulière, David Hammer est capable en quelques simples cocotes, motifs ou légers riffs, de teinter les chansons de mille couleurs. Notes bleues, caribéennes, soul, rock ou jazz selon l’inspiration ou le programme prévu. Un jeu malin et un doigté expert remplacent donc sans difficultés l’absence des cuivres et claviers entendus sur le nouvel album.

Grande surprise quand arrive le dernier titre, le quartet nous salut et sort de scène. Le passage à l’heure d’été serait-il avancé de quelques jours ? Un coup d’œil sur la montre, une heure et demie vient de passer sans qu’on s’en aperçoive, comme dans un rêve cotonneux. Et pour nous réconforter, le rappel sera l’un de ces moments de grâce dont Leyla a le secret. Seule à la guitare, elle est rejointe par Mélissa Laveaux pour interpréter un texte de Manno Charlemagne, une figure de la chanson et de la poésie haïtienne chère à ces deux artistes. Final en forme de subtil chant à deux voix, céleste et soulful, et un palpable trop plein d’émotions qu’on verrait bien décliné en future collaboration, voire enregistrement. Chère Leyla, chère Mélissa, y a plus qu’à !

Texte : Julien D.
Photos © Fouadoulicious

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