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Live reports / 19.01.2019

Leon Bridges

C’est dans une salle bondée que Leon Bridges fait son entrée avec le très entraînant If it feels good (Then it must be). Fin danseur, le chanteur texan n’a pas de difficulté à se mouvoir sur scène et propose des chorégraphies sophistiquées pendant que son guitariste glisse des riffs relevés. Ce dernier apporte aussi une touche légèrement psychédélique au titre suivant, le très efficace Bad bad news. Cette performance est aussi l’occasion d’apprécier les nouvelles inflexions tendant vers le jazz de son nouvel album, savoureux contraste avec le style plus vintage du précédent. L’ambiance devient plus jouissive encore quand l’audience reprend ici et là les paroles des chansons, y compris celles du premier album, preuve que le jeune soulman a su fidéliser un large public.

Sensible et sensuel, Leon Bridges semble littéralement faire corps avec sa musique quand il interprète Shy (un des meilleurs titres de “Good Thing”). Les deux mains accrochées au pied de micro le temps de l’intimiste Beyond, le chanteur donne malgré tout l’impression de manquer un peu de conviction. Mais il revient fort sur le sublime Georgia to Texasavec clavier Rhodes et solo de saxophone chaleureux. Puisqu’il faut aussi faire danser le public, la formation opère un virage soul pop moins intéressant mais très accrocheur. Toujours en mouvement, on revient sur une conjugaison soul jazz dans un moment où les lumières rouges de la scène, la voix de Bridges et l’accompagnement des musiciens semblent être en symbiose presque parfaite.

 

 

Certes, il manque parfois un peu d’épaisseur à la présence scénique de la jeune star, mais lui et son équipe ont déjà bien compris que le show fonctionne sur l’alternance, et c’est sans traîner que la troupe repart sur un funk irrésistible imbibé d’Off the wall durant lequel la choriste Brittni Jessie semble entrer en transe. Retour aux sources dans une setlist décidément bien pensée quand vient le moment de saluer sa mère (présente dans la salle) : Leon Bridges livre une version remodelée de Lisa Sawyer et revendique ses racines texanes grâce à une country soul catchy parfumée de guitare slide. Brown skin girl est aussi joué dans une version quelque peu modifiée.

 

 

Si le spectacle se concentre sur Leon Bridges, celui-ci laisse aussi de la lumière à ses choristes de haut niveau, le temps d’une digression enivrante ou du duo River avec Jessie. Un concert au final riche et réjouissant qui après un durcissement hendrixien (presque métal !), se termine sur un boogie rock ‘n’ roll qui transforme le Trianon en dancing géant !

Hugues Marly
Photos © Frédéric Ragot