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Brèves / 22.10.2009

Le blues perd un batteur majeur

Année bénie des fûts, 1926 nous a donné trois batteurs essentiels du blues, Odie Payne (1926-1989), Fred Below (1926-1988) et Sam Carr, décédé le 21 septembre dernier à 83 ans. Si les deux premiers nommés ont porté au plus haut les couleurs du Chicago Blues, Carr est le batteur emblématique du Mississippi. Sens du rythme, toucher, invention et surtout instinct au service de la relance, c’est le « Mississippi shuffle » dont il sera l’incarnation durant plus d’un demi-siècle.

Ascendance bénie des dieux, Carr est le rejeton du génial Robert Lee McCollum, alias Robert Nighthawk. Né le 17 avril 1926 à Marvel (Arkansas), le jeune Samuel Lee McCollum, adopté au Mississippi par la famille Carr (d’où le patronyme qu’il conservera) ne connaît son paternel qu’à l’âge de 7 ans. Tour à tour harmoniciste, guitariste et bassiste, il suit toutefois son père au début des années 1940. De retour en Arkansas, à Helena, il rencontre Frank Frost au milieu des années 1950, avec lequel il accompagne Sonny Boy Williamson (Rice Miller), avant de former les Jelly Roll Kings (avec Doris, la femme de Carr, au chant). Désormais batteur à plein temps, Carr voit sans doute du meilleur œil l’arrivée en 1962 au sein des Jelly Roll Kings du superbe guitariste Big Jack Johnson : avec Frost, ils composent dès lors un des plus redoutables combos du Delta Blues…

Le départ de Johnson pour une brillante carrière solo n’empêche pas Carr et Frost de poursuivre leur association jusqu’à la mort du dernier nommé, en 1999. Ensuite, justement reconnu comme un batteur majeur du blues et malgré des ennuis de santé, Sam Carr se distingue lors de collaborations prestigieuses (« Sweet Tea » avec Buddy Guy en 2001), enregistrant son dernier CD en 2007 (« Let The good Times Roll »). Actif jusqu’au bout, il était encore sur scène lors d’un festival à Helena (Arkansas), l’été dernier.
Daniel Léon