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Live reports / 13.06.2013

Laura Mvula

Confirmation sur scène d'un grand talent. “Sing To The Moon”, son premier album, est une des merveilles de l'année, un recueil de chansons célestes difficiles à cataloguer (“soul pop” paraît bien réducteur) et surtout magnifiées par une orchestration aussi fine que luxuriante. D'où la question qui franchit avec nous la porte de la salle parisienne : comment Laura Mvula va-t-elle transposer cela en formation réduite ?

 

 

Eh bien, Like a morning dew et son entrée en matière frontale – qui est aussi le point de départ de l'album – a tôt fait de nous répondre : sans sacrifier la beauté originale et la vigueur des arrangements, la musicienne de Birmingham et son quintet d'outre-Manche restituent l'essentiel de chaque titre avec une belle maîtrise. Si l'impasse est faite sur les instruments à vent, c'est au profit des cordes pour une configuration peu courante. Devant la section rythmique à contrebasse s'emploient une violoniste et un violoncelliste (la sœur et le frère de Mvula), ainsi qu'une harpiste. Honneur est fait au toucher sensible, en accord avec les délicates notes peintes au Wurlitzer par Mvula.

 


Karl Rasheed-Abel, Dionne Douglas, James Douglas

 


Troy Miller

 


Iona Thomas

 

Grand plus : chacun des accompagnateurs est aussi choriste. Effet prenant garanti quand tous s'attèlent aux harmonies qui dialoguent avec la vedette. Car comme en studio, ce déploiement de finesse gravite autour du foyer ardent que génère le chant de Mvula. Timbre enveloppant et phrasé aventureux abreuvent ses mélodies envoûtantes. Avec une force d'autant plus saisissante lorsque Mvula évolue seule ou le long d'un fil suspendu tissé par quelques cordes pincées ou effleurées. La poésie de son Sing to the moon scelle ainsi un premier pic d'émotion intense. Il y en aura d'autres au cours d'un set qui paraît bien bref mais qui pourtant offre dix des douze chansons de l'album, dont ses deux up tempos grisants qui font danser la salle (Green garden et son handclapping contagieux, That's alright et ses tambours de guerre qui résonnent fort comme son texte), plus un inédit (Let me fall) et un rappel de toute beauté, Human nature (Michael Jackson) en duo avec un violoncelle joué pizzicato.

 

 

Mais le plus réjouissant est peut-être le fait de sentir que Laura Mvula, qui à 26 ans n'est qu'à l'aurore de sa carrière, fera encore mieux dans les années à venir. Seule au clavier ou portée par un orchestre symphonique, sa sensibilité plurielle promet une passionnante floraison.

Nicolas Teurnier

Photos © Stella-K