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Chroniques / 12.06.2020

Larkin Poe, Self Made Man

Comme hermétiques au succès grandissant qui accompagne chacune de ses sorties (et à la pression qui en découle…), Larkin Poe poursuit sa carrière en toute indépendance. Comme pour leurs deux précédents ouvrages, les sœurs Lovell ont décidé d’assurer seules l’écriture, la production et la publication de ce nouveau CD, enregistré près de chez elles, à Nashville.

Fidèles à leur style original mixant folk gothique, blues blafard à la Skip James et fureur zeppelinienne, elles habillent leurs chansons d’oripeaux contemporains tout en conservant intactes leurs qualités originelles : simplicité, fougue, concision. Leurs morceaux, d’une infernale habilité mélodique, séduiront les fans des Black Keys comme les amateurs plus conservateurs : sens de l’espace et des silences, riffs de guitare gorgés de fuzz, giclées de slide plus proches de la brutalité d’un Watermelon Slim que des subtilités d’un Derek Trucks, patterns de batterie réduits à leur plus simple expression, quand ils ne sont tout simplement pas remplacés par des programmations ou des handclaps réverbérés.

De la constance donc, mais aussi deux nouveaux points de force qui témoignent de leur progression : les harmonies vocales, qui rajoutent du moelleux, une pointe de sucré à une recette qui a pu pécher par le passé par trop d’amertume (Holy ghost fire, parfait exemple d’une production “rehausseur de goût”) et la grande diversité des styles abordés, du blues rock concassé (She’s a self made man) à la pop teintée new wave (Scorpion) en passant par un mid-tempo stonien (Ex-con) ou un bluegrass noyé de flanger (Easy street), parfaite conclusion d’un recueil qui prendra une ampleur encore supplémentaire une fois déconfiné et défendu sur scène. 

Ulrick Parfum

Note : ★★★★
Label : Tricki-Woo 
Sortie : 12 juin 2020

Larkin PoeSoul Bag 239Ulrick Parfum