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Live reports / 10.07.2009

LAM DU BLUES (FESTIVAL DES ALPILLES)


Roland Tchakounté © Brigitte Charvolin

De son Cameroun natal, Roland Tchakounté a certes ramené les ingrédients africains qui colorent sa musique, mais aussi le bamiléké, dialecte dans lequel il s’exprime. Bien soutenu par un percussionniste inventif qui évolue en toucher (Mathias Bernheim), il égrène les titres de sa voix grave et claire sur des tempos souvent lancinants et très bluesy (il revendique l’influence de John Lee Hooker), le duo n’ayant aucun mal à séduire un public venu en nombre. Dommage que l’éclairagiste ait passé le set à éblouir ledit public…


Billy Boy Arnold © Brigitte Charvolin

Néanmoins, artistiquement, une introduction parfaite pour le groupe monté par Larry Skoller autour de son projet "Chicago Blues, A Living History" (lire l’interview de Larry et la chronique du double CD homonyme dans Soul Bag n° 194), dont l’ossature est constituée des deux harmonicistes Billy Boy Arnold et Billy Branch, associés à deux guitaristes, John Primer et Lurrie Bell. Si on ajoute Johnny Iguana au piano, Billy Flynn à la guitare, Felton Crews à la basse et Kenny Smith à la batterie (et Matthew Skoller en maître de cérémonie !), parler de groupe de rêve n’apparaît pas excessif. Billy Boy Arnold se présente en premier et laisse la meilleure impression : son jeu d’harmonica tout en puissance contenue et sa voix bien en place dégagent une émotion rare, impression encore accentuée quand il reprend son classique intemporel I wish you would, qu’il a composé, il faut le rappeler, en… 1955 !


John Primer © Brigitte Charvolin


Matthew Skoller, Lurrie Bell, Billy Branch © Brigitte Charvolin

Après quelques facéties (il essaie en vain de changer lui-même une corde cassée sans s’arrêter de chanter, ce qui est une gageure…), John Primer revisite l’âge d’or des années 1950 (I’m a man) et achève son show sur un Sugar sweet pêchu. Incorrigible, Billy Branch en fait toujours des tonnes, mais n’oublions jamais qu’il fait aussi ce qu’il veut avec un harmonica, voir notamment That’s allright, véritable tour de force.


Billy Boy Arnold, Matthew Skoller, John Primer, Lurrie Bell, Roland Tchakounté, Billy Branch © Brigitte Charvolin

Enfin, Lurrie Bell a toujours ce son incomparable, hyper expressif et tendu, il chante en outre de mieux en mieux, mais curieusement, il a besoin d’un pupitre avec les paroles (My love will never die, I believe, Damn right, I've got the blues)… Sans altérer plus que ça son passage, ça surprend. Malgré cette anecdote et des interventions forcément courtes (quatre ou cinq titres pour chaque musicien), ce fut un concert enthousiasmant, et surtout, réunir de telles pointures sur une même scène doit bien être perçu comme un événement.
Daniel Léon