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Live reports / 03.07.2014

Lalah Hathaway

Pendant longtemps, l’été parisien (ou tout au moins le mois de juillet) a été dominé par le festival All Stars du New Morning et sa programmation de luxe. Du Sunset-Sunside au Duc des Lombards, la concurrence a désormais relevé le défi, provoquant presque une offre surabondante sur ces quelques semaines. Côté soul, en tous cas, c’est le Duc des Lombards et son festival Nous n’irons pas à New York qui remportait la palme cette année, en accueillant pour quatre soirs consécutifs (et deux sets par soir), la chanteuse Lalah Hathaway, pour ce qui constitue seulement sa deuxième visite parisienne et la première depuis qu’elle a décroché un Grammy en compagnie des turbulents Snarky Puppy.

C’est un public nombreux, très féminin et très motivé – vu les conversations, il semblerait que la moitié des personnes présentes soient plus ou moins chanteuses ! – qui se prépare à accueillir la fille de Donny Hathaway sur la petite scène du Duc. Pour l’occasion, elle est accompagnée de son groupe régulier (Jason Morales, chant ; Vula Malinga, chant ; Hannah Vasanth, clavier ; Andrew Jones, guitare ; Robin Mullarkey, basse ; Peter Lewinson, batterie), au sein duquel la claviériste Hannah Vasanth s’illustre particulièrement.

Disons le tout de suite, malgré cette combinaison d’éléments favorables, le résultat final ne sera pas à la hauteur des promesses. Visiblement fatiguée, voire souffrante (elle prendra même un cachet en cours de concert), Lalah Hathaway n’est pas à son meilleur niveau : elle laisse une place importante à ses musiciens et cède même le centre de la scène à sa choriste Vula Malinga pour un titre de son projet DivaGeek qui aurait sans doute gagné à plus de concision. Malgré un chant à l’économie, Lalah Hathaway impressionne sur les premiers titres, avant de se perdre dans une interminable version de Summertime. Le standard tant de fois rabâché est prétexte à des acrobaties vocales aussi spectaculaires que dépourvues de sens, puis à un numéro du même acabit de chacun de ses choristes avant de se finir en duo sifflé avec Jason Morales. Quitte à chanter les chansons des autres, la reprise de Luther Vandross Forever, for always, for love correspond plus à ce qu’on espère d’une chanteuse de la stature de Lalah Hathaway, à qui on pardonnerait presque de s’interrompre après quelques phrases pour rappeler que ses CD sont en vente près de la sortie. Heureusement qu’elle reprend le morceau au début ensuite…

C’est cependant sur ses titres personnels qu’elle brille le plus, d’autant que Shine, son morceau le plus récent, bénéficie de la présence aux chœurs de Vula Malinga, avec qui elle l’a enregistré. Elle semble d’ailleurs retrouver son punch vocal habituel sur ce titre au message porteur d’espérance. Le tubesque Something ne souffre pas trop de l’absence des Snarky Puppy (qui étaient sur place la veille) et vient clore (après à peine une heure) le concert. Très attendu, le rappel sur Small of my back est par contre une relative déception, la chanteuse semblant peiner à projeter son chant sur ce titre rapide.

Frédéric Adrian