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Chroniques / 13.03.2021

Lake Street Dive, Obviously

Capables comme personne d’agréger des influences a priori incompatibles, les Bostoniens de Lake Street Dive confirment à chaque album leur exceptionnel esprit de synthèse sans jamais sombrer dans le consensus mou. De l’art de savoir marier les contraires : de réelles aptitudes radio friendly mais sans compromission commerciales ; un haut niveau d’exigence formelle délivré sans froideur ; une virtuosité affolante qui reste accessible à tous. S’ajoutent à cela un talent d’écriture hors pair (ces gens-là savent vraiment comment écrire une chanson, au sens le plus Brill Building du terme, à la fois populaire et sophistiqué), des harmonies vocales à mi-chemin entre les Beach Boys et The Band, une créativité instrumentale sans limite doublée d’une bonne dose de fun ; bref, largement de quoi façonner l’un des meilleurs CD du trimestre.

Devenu quintette depuis l’embauche en 2017 du claviériste Akie Bermiss, l’orchestre demeure fidèle à sa formule faite de pop, de jazz, de funk et de soul (mâtinée d’un peu de country, de rock et de hip-hop !). Le titre du recueil ne ment pas : leurs nouvelles compositions dégagent un sentiment d’évidence qui suscite instantanément l’enthousiasme. Merveilleuse de grâce et d’aisance, la chanteuse Rachael Price domine les débats, mais il faut également citer la finesse du guitariste Mike Olson, dont chacune des notes sert le morceau (cf. le solo de Making do, que n’aurait pas renié Mick Ronson), la richesse harmonique et tonale fournie par les claviers d’Akie Bermiss, lui aussi remarquable chanteur (comme tous les autres d’ailleurs) et le groove démoniaque de la contrebassiste Bridget Kearney, qui forme avec son compère Mike Calabrese l’une des meilleures paires rythmiques actuelles (il faut les voir en live pour bien comprendre…). 

Ulrick Parfum

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Nonesuch
Sortie : 12 mars 2021

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