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Chroniques / 28.01.2022

Lady Wray, Piece Of Me

Éreinter la concurrence, l’étouffer sous un feu nourri, telle semble être la stratégie de Leon Michels qui enchaîne les sorties aux manettes de Big Crown Records. Si certaines sont d’un pointu réservé aux connaisseurs, d’autres s’adressent à un public plus large. Lady Wray est de cette catégorie, elle dont le premier album étrennait les productions de Michels sous ses nouvelles couleurs.

Son passé agité aurait pu donner matière à un album au robinet pathos ouvert en grand, pourtant, en dépit d’histoires de femmes rendues malheureuses par des hommes peu attentifs, c’est bien d’une soul au sens noble du terme dont il est question. Celle dans laquelle la lueur d’espérance brille toujours, même dans la pire détresse sentimentale, héritage de cette église où Nicole a passé de longues heures à chanter. Surenchère et vibes excessives prohibées, la première intention vocale, celle directement venue du coeur, est privilégiée pour se couler dans une production où la puissance du son live et analogique des ’70s s’accommode d’influences modernes.

Rythmiques sales et granuleuses hip-hop, guitare pop et dépouillement pour un titre ébréché dédié à sa fille, pianos causant de sacrés dégâts à l’avant comme à l’arrière du mix, sans volonté de poser le décor dans une soul passéiste, le tandem Wray-Michels s’évertue à en donner une version actuelle dont le passé sera fier. Gabe Roth aura eu Sharon Jones, Tom Brenneck, Charles Bradley ; avec Nicole Wray, Leon Michels a trouvé sa connexion artistique. Le joyau de sa Grande Couronne.

Franck Cochon

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Big Crown
Sortie : 28 janvier 2022

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