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Live reports / 22.05.2022

Lady Blackbird, Duc des Lombards, Paris

27 avril 2022 (second show).

Précédée par un album séduisant et accompagné d’un buzz impressionnant, Lady Blackbird s’offre, pour ses débuts parisiens, un Duc des Lombards plein à craquer pendant deux jours. Après les interrogations suscitées par le disque – brillant, mais un peu trop poli pour être totalement honnête –, sa déclinaison sur scène devait être l’opportunité de se faire un avis tranché sur la chanteuse, entre démarche artistique et marketing bien mené.

Pour cette première tournée européenne, c’est avec un quartet emmené par le guitariste Chris Seefried, producteur de l’album et co-auteur d’une partie de son répertoire, qu’elle se présente. Le temps d’une courte introduction instrumentale, elle rejoint la scène pour une version frappante du standard gospel Walk with me, Lord, pris sur un tempo de marche funèbre, qui débouche sur sa version du Blackbird de Nina Simone, la chanson qui lui avait permis de se faire remarquer il y a quelques mois, et dont elle s’approprie brillamment l’intensité et la profondeur.

Si ses interprétations se caractérisent par une certaine sobriété, ce n’est pas le cas côté look : long manteau noir en vinyle sur un bustier et un mini short de la même couleur, tiare d’inspiration égyptienne, le résultat est spectaculaire, mais semble par moments servir de façade pour cacher l’évidente inquiétude de la chanteuse, qui se tourne régulièrement vers Seefried pour qu’il la rassure. Musicalement, tant le répertoire que les arrangements empruntent largement “Black Acid Soul”, sans que la déclinaison live y apporte grand-chose de différent, d’autant que Lady Blackbird, malgré son exubérance vestimentaire affichée, n’est pas vraiment une bête de scène mais plutôt une “stand up singer”, se contentant la plupart du temps de rester derrière son pied de micro.

Certaines de ses interprétations sont de vraies réussites, comme celle du sublime It’s not that easy de Reuben Bell, qui méritait bien d’être ressuscité, d’autres tombent un peu à côté – un Ruler of my heart de karaoké –, tandis que les originaux – Fix it, Five feet tall… – tiennent la comparaison avec les reprises, et l’ensemble est bien accueilli par le public du Duc. La soirée se termine cependant quelque peu en queue de poisson. Rappelée par les spectateurs, Lady Blackbird donne une belle version du Did somebody make a fool out of you de Tony Joe White, publié en single quelques jours plus tôt, mais quitte brutalement la scène alors que ses musiciens n’ont pas encore terminé la chanson. Visiblement surpris, Seefried fait tourner pendant quelques minutes l’introduction du White rabbit de Jefferson Airplane, sans que la chanteuse ne rejoigne la scène.

Un peu perplexe sur cette fin de concert inattendue, je sors du club sans avoir une opinion très tranchée sur ce à quoi je viens d’assister, et en particulier sur la sincérité de la démarche de Lady Blackbird et de son très présent mentor. L’artiste étant attendue dans quelques festivals cet été, la réponse viendra sans doute un peu plus tard.

Texte : Frédéric Adrian
Photo © Patrice Cordier