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Live reports / 18.09.2018

La Baule Jazz Festival

La ville de La Baule organise un festival de jazz mais le moins qu’on puisse dire est que la publicité qui en est faite n’est pas très forte puisque c’est presque par hasard que nous avons appris que le concert final était sur le thème du boogie-woogie et présentait Mike Sanchez, Sax Gordon et le trio de Lluis Coloma.

C’est la Biguizi New Fanfare qui lance la soirée en déambulant dans les allées du parc et jouant la majeure partie de son set debout face au public. Emmené par Freddy Pohardy-Riteau au saxophone, avec Pascal Cornudet aux percussions, Laurent Cosnard à la grosse caisse, Sylvère Gaudre à la trompette, Marc Brébion au banjo, Paul Babin au trombone et Sébastien Boyer au tuba, Biguizi distille une musique dynamique, joyeuse, sans oublier le fond avec un répertoire solide. On aime en particulier la reprise de Night train avec la belle intro solo de Freddy. 

On passe sur la grande scène avec le pianiste chanteur Mike Sanchez dont la coiffure de rockeur annonce son style de musique, fait de boogie-woogie, rhythm & blues avec une grosse dose de rock ‘n’ roll. Il commence en solo avec des reprises d’Amos Milburn et Wynonie Harris, un medley John Lee Hooker-Fats Domino, sans aucune incongruité car son jeu de piano est dans le ton, fluide, bluesy, et son chant est à la hauteur. Il rayonne de bonne humeur et la communique facilement au public. Il est rejoint par la section rythmique de Lluis Coloma, à savoir Manolo German à la contrebasse et Marc Ruiz à la batterie. C’est parti pour Down the road a piece avec un premier break slappé de Manolo. Le Happy payday de Little Willie Littlefield partage son thème avec Blacksmith blues et Mike y va d’un petit solo de sax et de trompette bouchée imités avec la bouche. Suivent des reprises de Chuck Berry, Johnny Guitar Watson, Muddy Waters, Jimmy Reed, The Big Bopper, des Trashmen, et un medley Junior Parker-Slim Harpo. Encore une fois, cette liste éclectique passe bien puisque Mike l’unifie par son talent et sa maîtrise et la dédie au bon temps.

 


Mike Sanchez

 

 

En deuxième partie, ce sont Lluis Coloma et Sax Gordon qui montent sur scène avec toujours la paire German-Ruiz à la rythmique. On a alors deux leaders, deux showmen, bourrés de talent qui vont se relayer, s’allier, pour dérouler un set des plus entraînants. Gordon honke, chante, bouge, prend des poses millésimées, Lluis éblouit par sa technique pianistique et fait aussi le pitre avec un air faussement innocent comme quand il laisse croire que sa main droite prend sa liberté et ne joue que ce qu’elle veut, ce qui est l’occasion d’une véritable prouesse musicale et physique. S’il maîtrise le boogie-woogie, il démontre aussi ses connaissances dans le jazz avec des rappels réguliers de thèmes empruntés par exemple à Count Basie.

 


Lluis ColomaSax Gordon

 

 

 

Gordon commence avec Have horn will travel puis descend dans le public en profitant du blues lent The way it is distribuant des bisous de saxophones aux spectatrices, s’asseyant auprès d’elles, avec un succès garanti ! Le retour sur scène est rock ‘n’ roll puis blues et jazz avec Lluis qui prend le lead sur Chicago breakdown enrichi de riffs de standards du jazz swing. Fire fingers est un autre morceau de bravoure boogie et jazz, tout comme le fantastique The chromatic boogie avec ses références à Boogie woogie stomp. En rappel, Mike Sanchez revient sur scène pour un medley Big Joe Turner-Lowell Fulson qui mettra, enfin, le public debout.

Texte et photos : Christophe Mourot