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Chroniques / 04.03.2022

Kojey Radical, Reason To Smile

Un premier album à couper le souffle. Prolongement direct de “Cashmere Tears”, retentissant EP de 2019, “Reason To Smile” sort le grand jeu. Une guitare qui tangue annonce une énorme pulsation cuivrée trempée dans le p-funk, secouée par une imposante basse slappée. Des cordes, des chœurs, un co-lead soul signé Tiana Major9, et ce timbre grave du patron qui mange les mesures avec l’appétit d’un 2Pac. 

Kojey Radical et ses producteurs Swindle et KZ sont bien des joyaux du royaume d’Angleterre. La tempête hip-hop grime funk qu’ils ont déclenchée ne connaît pas de répit : doté d’une touche ‘80s, Together mêle flûte et moog vrillé ; propulsé par une salve de cuivres ultracompacts, Nappy cogne fort en jouant sur une série de stéréotypes racistes. La syncope un brin décalée de Silk est taillée sur mesure pour l’invité Masego, Pressure en compagnie de Shaé Universe accentue ce glissement vers plus de soul et illustre à quel point la voix de Kojey en est imprégnée, tel un Anderson .Paak en mode guerrier. 

Côté musicien, outre les huit membres de la section de cordes et l’apport du trombone et du sousaphone de Trevor Mires, signalons la basse juteuse de Dayna Fisher, en exergue notamment sur l’imparable hachure afrobeats de Born, le haletant Pusher man BWI (ces cordes !) ou ce Solo laidback enchaîné à une nouvelle déflagration nommée Gangsta. Kojey y parle de la force de sa mère, en adéquation avec le fil rouge du Ghana parental qui irrigue l’album. 

Deux autres pièces de choix au sein d’un tout colossal : War outside et son puissant flow chanté auquel répondent les timbres fumés de Lex Amor et d’Ego Ella May ; Payback et son gros méchant funk qui tabasse. “Reason To Smile” est d’une intensité folle. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★★ (Le Pied!)
Label : Asylum-Warner Music UK
Sortie : 4 mars 2022