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Live reports / 31.03.2019

Kirk Joseph’s Backyard Groove


Sunset, Paris 1er, 13 février 2019.

Depuis quelques années, le Backyard Groove de Kirk Joseph a ouvert une succursale française, qui accueille autour du “sousaphone king” de La Nouvelle-Orléans quelques experts locaux du son de Louisiane : Jérôme Jehanno à la trompette, Philippe Martin au sax, Wilfrid Hé à la guitare, Benoit Poeuf au trombone et Jérôme Bossard à la batterie. Après une tournée mêlant concerts et masterclasses, l’ensemble faisait étape au Sunset, marquant le premier passage parisien de Kirk Joseph sous son propre nom après de nombreuses apparitions au sein du Dirty Dozen Brass Band.

Arrivés sur scène au son de gloussements et caquètements variés, référence à la basse-cour du nom du groupe, les musiciens ne tardent pas à s’engager dans un instrumental funk musclé. Assis au centre de la scène – le plafond bas du club ne lui permet pas de tenir debout avec son instrument –, Kirk Joseph dirige de la main et du regard ses accompagnateurs, distribuant les solos, tout en assurant une partie de basse propulsive absolument irrésistible. Faute de répertoire propre – le Backyard Groove n’a enregistré qu’un album, à peine distribué, il y a bientôt quinze ans –, c’est dans les standards des brass band – de Lil Liza Jane à I’ll fly away – et les classiques du son de La Nouvelle-Orléans que puise l’orchestre.

Limité dans ses possibilités solistes par la nature de son instrument, Joseph laisse une belle place à ses musiciens, et en particulier aux cuivres, qui se montrent à la hauteur des enjeux, lui-même s’octroyant quelques brefs solos pertinents. Il chante également très ponctuellement, d’une voix limitée mais vécue, laissant Philippe Martin assurer la plupart des parties vocales. Très ému d’être pour la première fois sous son nom à Paris, il évoque les larmes aux yeux le souvenir de son père, le tromboniste Papa Frog Joseph – vétéran de nombreuses séances jazz et R&B à La Nouvelle-Orléans – dont le grand rêve était d’y jouer un jour, avant de donner une belle version du classique Just a closer walk with thee, dans toute sa grandeur funèbre.

Jérome Jehanno, Kirk Joseph

L’ensemble délaisse en fin de concert le répertoire traditionnel des brass bands au profit de titres plus contemporains comme un Mardi Gras in New Orleans presque de saison, avec son introduction sifflée, et, en final, un Hey pocky way irrésistible. En sortant, j’entend un couple devant moi dire que le concert était « moins cher qu’un billet pour La Nouvelle-Orléans »… Difficile, à l’issue d’une expérience aussi euphorisante, de leur donner tort ! Espérons que l’ensemble soit bientôt de retour afin de permettre à d’autres amateurs d’embarquer pour le voyage…

Texte : Frédéric Adrian
Photos (prises à Montpellier) © Brigitte Charvolin

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