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Chroniques / 20.02.2020

Kirby, Sis.

Kirby Lauryen Dockery a d’abord fait parler sa plume, cosignant notamment deux tubes avec Kanye West, Rihanna et Paul McCartney. Excusez du peu. C’était en 2014. Elle a depuis tranquillement dévoilé sa carrure de chanteuse soul au gré de quelques compos (et vidéos) qui nous avaient agrippé l’oreille. Cet EP rassemble celles de 2019, en ajoute d’autres et forme un tout de haut vol.

Son phrasé et son timbre impriment un drive imparable qui lui permet sans forcer d’incarner ses vignettes savoureuses, à l’image de l’analogie sucrée et enivrante de Kool aid. Un art du storytelling fort en gueule qui évoque Amy Winehouse ou Kali Uchis, doublé d’une capacité à relier une sweet soul aérienne aux arrangements fleuris (Velvet rappelle les Delfonics, Leon s’envole façon Minnie Ripperton) à un bagage “southern church” (Kirby a vécu une bonne partie de sa vie dans le Mississippi, à Memphis et à Atlanta) cher à Anthony Hamilton.

La réussite de ce syncrétisme culotté repose aussi sur le choix d’une orchestration saillante et organique émanant de pointures bien connues des amateurs de l’école Daptone (Homer Steinwess, Tom Brenneck, Nick Movshon….). Ainsi Kirby peut passer en mode funk graisseux et naviguer dans les graves (le théâtral Penny), inviter du p-funk et lier Betty Davis à Erykah Badu (We don’t funk) ou invoquer l’esprit de Lauryn Hill pour prodiguer un précieux conseil (Don’t leave your girl). Une nouvelle pièce maîtresse sur l’échiquier soul. 

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Autopublié
Sortie : 17 janvier 2020

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