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Live reports / 24.11.2014

Kindred The Family Soul + Osmojam

Raheem DeVaughn, Foreign Exchange, Algebra Blessett, Bilal… Le Bizz' Art a toujours défendu la soul contemporaine, mais depuis la rentrée il fait particulièrement fort. Et la venue de Kindred ne disait pas le contraire ce mardi soir.

Après un collier de perles hip-hop & soul confectionné aux platines par l'incontournable JP Mano, c'est à Osmojam que revenait le soin de rassembler près de la scène un public hélas clairsemé. Mission accomplie avec brio. En configuration acoustique, au sein d'un sextet avec percussions et choristes, la chanteuse propose une version feutrée de sa neo soul, crédible en français (Échappée, chanson-titre de son album paru cette année), bien négociée en anglais pour une virée sur le thème du soleil. Ça réchauffe et donne envie d'en savoir plus sur cette fervente défenseuse de la soul hexagonale (voir son blog French Soul Is Not Dead).

Ils ont profité de trois dates anglaises pour traverser la Manche et c'est tant mieux. Tant mieux d'abord parce que leur dernier concert en France remonterait à un Élysée-Montmartre en 2006. Tant mieux surtout parce qu'en matière de soul contemporaine (option “neo”), Kindred, c'est consistant. Franchise et intégrité sont les maîtres mots du duo d'âmes sœurs depuis leurs débuts il y a plus de dix ans maintenant ; c'est bien ce qui transparaît quand le couple de Philadelphie foulent la scène. D'imposantes paires de lunettes ont beau manger leurs visages, la complicité qui les unit en devient palpable tant elle respire le naturel et le plaisir de partager le chant pour raconter leurs histoires. Toutes proportions gardées, Fatin Dantzler et Aja Graydon évoquent en cela inévitablement Ashford & Simpson. C'est d'ailleurs peut-être plus manifeste live : l'interaction de leurs voix, qui sans cesse se relancent (elle plus souple, lui plus rentre-dedans, prompte à balancer quelques growls de prêcheur), est le moteur d'un show efficace et vivifiant.

 


Kindred : Fatin Dantzler et Aja Graydon

 

 

Soutenus ce soir par leur directeur musical Damon Bennett (claviers) et un trio français qui assure sereinement (Stéphane Athus à la batterie, Sullyvan Rhino à la basse et Alexandre Galuppi à la guitare), les deux chefs de famille font honneur à leur répertoire. Rhythm of life fait chauffer la piste en s'emballant en mode house, ça groove fort avec Alright, You got love et aussi la superbe ballade Magic happen. Du nouvel album (“A Couple Friend”, Shanachie) s'échappent Everybody hustlin' et la pulsation légère rétro-disco de Lovin' the night. Dommage qu'ils n'aient pas osé la ballade poignante qui donne son nom au disque. Bien sûr, c'est un Far away (leur succès de 2003) repris en chœur par la salle qui se charge de faire grimper la température en fin de programme. Avant un ultime hommage à leur ville par le bias du Be thankful for what you got de William DeVaughn. En cours de route, Robert Glasper, en escale parisienne pour le festival Blue Note, rejoint les claviers et dessine quelques belles courbes. Quand les lumières se rallument, c'est d'ailleurs lui que les fans s'empressent de solliciter pour la photo souvenir. Mais c'est bien Kindred qu'on aimerait revoir par chez nous plus souvent.

Nicolas Teurnier
Photos © Cuty Mike / Music 4 Live