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Chroniques / 05.02.2021

Kim Wilson, Take Me Back! The Bigtone Sessions

C’est le grand retour de Kim Wilson sur M.C. Records avec 16 titres enregistrés dans les studios de Big Jon Atkinson. Le pluriel est important ici car on parle de tous les studios que Big Jon a montés depuis ses débuts et de morceaux mis en boîte non pas en une seule session mais au cours des années, Kim lui-même ne se souvenant pas jusqu’à quand tout cela remonte. La liste des musiciens présents sur le disque se lit comme un Who’s Who du blues de qualité avec des pointures de Chicago et de la Côte Ouest, ce qui permet d’entendre à nouveau Barrelhouse Chuck, décédé en 2016. 

Kim signe sept originaux pour neuf reprises, quasi indifférenciables les uns des autres tant sa dévotion au blues traditionnel est grande, ce qui ne veut pas dire imitation. Sa marque est présente, dans son jeu d’harmonica bien sûr, inégalé aujourd’hui, mais aussi dans son utilisation, n’en jouant pas quand on pourrait en attendre, un solo endiablé n’aurait pas choqué sur Slow down de Larry Williams, ou l’inverse, comme l’harmo amplifié sur Strange things happening de Percy Mayfield. On apprécie aussi en ce sens la version acoustique de No place to go de Howlin’ Wolf. Quatre des originaux sont instrumentaux dont deux jump au chromatique, un stroll et un shuffle au diatonique qui réincarnent Little Walter comme seul Kim sait le faire.

Dans le placement et la crédibilité, la voix de Kim a la majesté de son expérience unique. Tous les musiciens sont au service du maître de séance avec une sobriété qui renvoie aux grandes heures du blues électrique, années 1940 et 1950, quand feeling rimait avec swing et puissance évocatrice, à tel point qu’on est parfois frustré que ça ne se lâche pas plus. Il ne reste qu’à se repasser le disque pour imaginer la suite, chacun dans sa vie intérieure et personnelle du blues.

Christophe Mourot

Note : ★★★★½
Label : M.C.
Sortie : 12 octobre 2020

Bigtone StudiosChristophe MourotKim WilsonM.C. Records