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Live reports / 27.04.2021

Kim Dee, Le Tamanoir, Gennevilliers

Le 23 avril 2021.

Une parenthèse enchantée dans le tunnel silencieux des premières années covid. Bravo au Tamanoir, poumon culturel de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) qui maintient la barre en restant ouvert pour les artistes, invités à venir y travailler en résidence. Ainsi, la chanteuse et violoncelliste parisienne Kim Dee a pu mettre à profit une semaine pour peaufiner son show en solo. Et puis, par un joli après-midi de printemps, le présenter sur scène, en très petit comité distancié et masqué. 

Comme sur la pochette de “Naked” – son premier EP, conçu avant la pandémie mais dont la naissance est programmée au 29 avril 2021 –, Kim Dee aussi porte un masque, qu’elle ne tarde pas à enlever comme pour mieux nous convier dans son univers introspectif. Un tissage pizzicato le long d’Olga (les violoncelles ont tout à fait le droit d’avoir un prénom) et la voilà qui déploie une voix sûre, agile, forte et fragile. Son Revolutionary peace of mind plante le décor d’un set épuré qui, en six titres, six compositions originales, expose les richesses contenues dans un terreau à la fois soul, jazz, hip-hop et classique.

Si la transition avec la coolitude feutrée d’une Erykah Badu qu’on entendait juste avant le début du concert est évidente, la musique de Kim Dee bénéficie déjà d’une identité plurielle et personnelle très prometteuse. Les glissés de son archet ouvrent un autre éventail sonore sur Bloody days ; le jeu de répétitions chantées souligne l’effet oppressant de Trapped. Ici Kim Dee lance une piste enregistrée (comme une partie de beatbox de son frère Noam), là elle superpose sa voix à l’aide de son looper. Surtout, son répertoire bénéficie de deux atouts majeurs : une souplesse de structure qui lui permet une belle liberté de mouvement, et une grande qualité de son (Simon Marais à la console) très précieuse pour saisir les nuances d’une configuration pas évidente à restituer.  

Au moment où l’on se dit que tout cela est un peu trop sage et méticuleux, le motif de Am I so wrong nous entraîne dans une seconde moitié de set en forme de crescendo. L’excellent Childish est l’occasion de tester les compétences du public en matière de percussions corporelles, et puis Plural poetry, seul titre étranger au EP, offre une ouverture bienvenue. Une prod musclée, bardée de basse synthétique, une voix qui s’étire, se tend et mord à pleines dents. Une autre preuve du champ des possibles d’un talent à suivre de près.

Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Cindy Voitus

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