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Chroniques / 03.07.2019

Kevin Garrett, Hoax

Aux vifs aplats chamarrés Kevin Garrett préfère des touches impressionnistes bleutées comme la nuit. Quelque part, cette façon d’aborder la partition à fleur de peau évoque James Blake, avec qui il avait réalisé un titre du “Lemonade” de Beyoncé. Mais la musique de ce chanteur songwriter originaire de Pittsburgh est plus organique. Et on ne dit pas ça uniquement parce que ce premier album (après 2 EP) laisse entendre ses doigts glisser sur sa guitare sèche ou parcourir délicatement les touches de son piano.

Le charme de “Hoax” réside dans un habile dosage entre dépouillement et richesse d’arrangements, doublé d’une remarquable gestion des espaces. Avec sa voix douce qui, près du micro, mâche parfois les belles tournures de ses mots avant de s’élever en falsetto, Garrett s’illustre comme un sculpteur de silence. Sous sa cape de mélancolie introspective, l’album dévoile à l’oreille attentive une grande finesse de confection, notamment dans sa manière de développer le groove (Running from, How dare we fall) et de tisser un crescendo (Telescopes, In case I don’t feel it). À rapprocher du merveilleux LP de Thirdstory, le trio vocal qui illumine ici plusieurs refrains.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : AWAL
Sortie : 22 mars 2019

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