Chicago Blues Summer Tour 2025, L’Isle-sur-la-Sorgue
30.07.2025
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La Maroquinerie, Paris, 4 février 2025.
La date parisienne, à la Maroquinerie comme cinq ans plus tôt, est la première, et la salle est pleine à craquer pour accueillir Finnigan et ses musiciens. Surprise quand l’orchestre entre en scène, suivi de peu par son leader : avec la présence de Jimmy James, l’ancien guitariste du trio de Delvon Lamarr, leader des True Loves et membre de Parlor Greens ! Bien que la tournée ait déjà débuté par quelques dates en Angleterre, c’est son premier concert avec le groupe, et il apparaît assez clairement, aux signes que Finnigan lui adresse régulièrement, que quelques réglages sont encore nécessaires. À une exception près (le trompettiste Paul Chandler), le groupe est intégralement renouvelé par rapport à la dernière fois, mais l’ensemble des musiciens sont des familiers des projets du label Colemine et de ses environs, avec Adryon De Leon (entendue notamment chez Orgone) et Vanessa Bryan (The Dip) aux chœurs, Chauncey Yearwood (Durand Jones & The Indications, High & Mighty Brass Band) à la batterie, Justin Kimmel à la basse et Jason Cressey (The True Loves) au trombone.
Musicalement, cependant, il n’y a pas de grand changement dans l’inspiration. Le concert s’ouvre sur un titre de “The Tales People Tell”, I don’t wanna wait, mais le programme repose essentiellement sur le répertoire du dernier disque en date, “A Lover Was Born”, dont presque toutes les chansons sont interprétées dans des versions proches des arrangements d’origine. S’il repousse avec humour la demande d’une chanson extraite de son album de Noël de 2020, “A Joyful Sound”, Finnigan parsème cependant sa setlist de titres moins évidents, parus en single, voire en cassette (Leave you alone, sur la mixtape “From Me To You” de 2023). C’est sur une de ces raretés, It hurts me so much, une composition de Charles Chalmers interprétée en particulier par Etta James et que Finnigan a cachée en face B du single de Get a hold of yourself, que Jimmy James s’offre sa seule sortie au long cours, avec un long solo théâtral acclamé par le public – ma voisine s’exclame : « C’est bon, ça ! ». L’autre reprise de la soirée, Love (Your pain goes deep), présente sur le dernier album, est dédiée à la mémoire de Frankie Beverly, l’interprète original avant la formation de Maze.
Après un final sur le “tube” Since I don’t have you anymore et deux derniers morceaux en rappel, c’est à la table de merchandising, fort bien remplie, que Finnigan donne rendez-vous à ses fans, avant de repartir sur la route…
Texte : Frédéric Adrian
Le Grand Mix, Tourcoing, 21 février 2025.
Direction plein nord pour l’avant-dernière date de cette tournée européenne. Un déplacement “coup double” : en plus de venir écouter la version “live” des titres du merveilleux “A Lover Was Born”, deuxième opus solo du leader des Monophonics, c’est aussi à titre personnel l’occasion de découvrir enfin Le Grand Mix, superbe salle de la métropole lilloise qui jouit d’une excellente réputation.
Deux étages logés dans une belle bâtisse typique du Nord (briques rouges de circonstance), un staff super accueillant, un système son impeccable, des lumières justement dosées et une capacité qui, bien que la salle soit quasi complète ce soir, me permet de retrouver facilement mon acolyte et d’atteindre le bar sans difficulté. En résumé : une configuration parfaite pour cette soul captivante qu’offrent Kelly Finnigan & The Atonements.
Formule grand luxe (8 musiciens sur scène) pour cette belle tournée d’hiver sous nos cieux humides et glacés. Pas grave, houblon local et grooves sont au rendez-vous, on ne devrait pas tarder à se réchauffer. Autour du patron et de sa paire de claviers, deux soufflants, rythmique basse-batterie, deux choristes et, cerise sur le gâteau, c’est l’étourdissant Jimmy James (Delvon Lamar Trio, Parlor Green…) qui s’occupe des parties guitares. Il n’y en avait donc qu’une seule, mais si on n’avait pas eu l’image, on aurait pu croire qu’il y en avait deux vu le calibre et le savoir-faire du bonhomme. Attaque funk, reflets soul ou chorus hendrixiens, Jimmy James en a sous le manche !
Kelly était apparemment déjà venu au Grand Mix, mais sur la petite scène, à l’étage. Le public s’en souvient parfaitement et se rappelle au bon souvenir de cette date en évoquant le passé dans des échanges camarades et plutôt marrant avec l’intéressé qui jubile de cette audience particulièrement réactive (et truffée de néerlandophones).
Ça commence presque comme sur le disque avec ce Prove my love déjà fédérateur joué juste après l’ouverture. Un titre totem qui rend compte de l’implication totale des huit musicien-es présents. Chant et chœurs expressifs, rythmique mid-tempo aguicheuse, riffs de cuivres bien sentis et jeu de guitare fertile.
La quasi-intégralité des titres du dernier album figurera sur la setlist du jour, logique. Mais quelques anciens titres et reprises (géniales versions d’It hurts me so much d’Etta James, de Love (Your pain goes deep) de Frankie Beverly) se glissent avec style et fluidité entre le déchirant All that’s left et ce Chosen few brûlant qui, comme sur l’album, se conclut dans un atterrissage soulful parfait. Des compos malignes dont Finnigan a le secret quand elles sont de lui, le feeling adéquat quand elles sont d’autrui.
Interprétation, arrangements et chorus instrumentaux sans fausses notes. Kelly Finnigan comme le reste du groupe mouille la chemise et nous avec. Bel esprit, bonne ambiance, ça chaloupe gentiment ou ça danse plus ostensiblement. C’est brillant, c’est généreux, c’est chaleureux, c’est sincère et donc communicatif. Et l’heure et demie avant rappel que l’on vient de vivre l’illustre parfaitement. A Lover Was Born, dit la pochette. Une nouvelle légende de la soul music aussi a priori (depuis le temps qu’on le suit avec Monophonics, on n’en doutait pas un instant).
À Tourcoing ou ailleurs dans ce monde qui jour après jour semble au bord du précipice à tout point de vue, courrons voir et revoir Kelly Finnigan & The Atonements, probablement la meilleure façon de ne pas se tromper sur l’origine de nos frissons.
Textes et photos : Julien D.