Maxwell, Grand Rex, Paris, 2025
25.07.2025
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26 mai 2025.
Désormais bien installée sur la scène française – c’est son sixième passage au New Morning en sept ans et elle se produira dans plusieurs festivals cet été avant une nouvelle tournée en septembre… –, Judith Hill a enfin réussi à se créer son propre public et se débarrasser de l’ombre portée de ses anciens employeurs – c’est d’ailleurs un des thèmes de son dernier album, “Letters From A Black Widow”, sorti l’année dernière. Malgré un concert positionné un lundi soir, le New Morning est complet pour l’accueillir et vibre déjà dans l’attente de son entrée sur scène.
Depuis quelques années, c’est en trio qu’elle se produit, accompagnée comme depuis ses premières dates européennes par ses deux parents, Robert “Peewee” Hill, impérial à la basse, et sa mère Michiko Hill aux claviers – qui semble d’ores et déjà bénéficier de son propre fan-club, au vu des ovations qui saluent chacune de ses interventions solistes ! –, rejoints cette fois-ci, comme sur les dates de fin 2024, par le batteur originaire du Ghana Shadrack “Shaddy” Oppong.
C’est seule que se présente la vedette de la soirée, qui attaque Downtown boogie, un titre du dernier album, au clavier tandis que ses musiciens la rejoignent progressivement avant qu’elle passe à la guitare pour la quasi-totalité du concert. Ses prouesses sur l’instrument, sous influence Hendrix/Hazel, sont d’ailleurs la découverte de la soirée pour moi : si ses talents vocaux ne sont plus à prouver de longue date, elle a acquis à la guitare une assurance spectaculaire, qui lui permet de mettre les 6 cordes au cœur de sa musique.
Sans surprise, c’est le répertoire du dernier album qui constitue le cœur du programme de la soirée, et Hill donne des versions intenses et tendues de ses principales chansons, n’hésitant pas à mettre un peu de rock dans sa soul et son funk, à l’image de Flame, un des titres phares du disque, sur lequel elle crache sa colère par rapport à la façon dont elle a été traitée par certains admirateurs de ses anciens mentors (« Give me chaos and give me pain but you can never take my flame »). We are the power fait aussi office de profession de foi, et il est évident que la chanson, qu’elle fait reprendre par le public, lui parle très personnellement.
À quelques exceptions près – le Fire des Ohio Players, traité en blues, quelques phrases de I want to take you higher qui se glissent dans le très beau I can only love you by fire –, c’est son propre répertoire qui est mis en avant, avec des titres empruntés à l’ensemble de ses disques personnels. Tout au long des deux sets, le public, visiblement familier de ses chansons, la suit sans aucune hésitation et lui réserve un triomphe qui légitime évidemment un long et enthousiaste rappel. Alors que son premier album sous son nom fêtera ses dix ans en fin d’année, Judith Hill confirme ici qu’elle a largement le potentiel de conquérir un large public.
Texte : Frédéric Adrian
Photos © J-M Rock’n’Blues
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