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Brèves / 01.03.2022

J.P. Bimeni & the Black Belts, Studio de l’Ermitage, Paris

10 février 2022.

Les ceintures noires prennent place dans un studio de l’Hermitage bien rempli. Des chaises sont disposées dans la fosse, et le public remplit généreusement les coursives à l’étage. Le groupe entame Ghost city, un instrumental du nouvel album, et le guitariste Fernando Vasco, qui prend le rôle de maître de cérémonie, annonce l’arrivée de Bimeni. 

Apparaît cette silhouette longiligne aux gestes et à la voix souples, qui semble à la fois complètement dans son interprétation et un peu ailleurs. Son démarrage sur Not in my name est un poil en retard, mais il se rattrape très vite en faisant chauffer l’ad lib sur James Stern. « Vous êtes là pour la fête ? », demande-t-il au public en français avant de se lancer dans le samcookesque Honesty is a luxury. Le public semble absolument ravi quand il se lance dans Keep on running, qui malgré un petit essoufflement sur la fin, recueille les lauriers d’un public cette fois-ci bien réveillé.

Bimeni a un jeu de scène assez actif, se balade sur les planches avec ce qui ne semble pas tout à fait de l’aisance mais une absence totale de crainte vis-à-vis du public. Un petit fan-club se forme sur le côté droit de la scène et brave la consigne en dansant debout. L’ambiance du concert doit beaucoup à cette poignée d’irréductibles décidée à s’amuser et à profiter de la musique. Après le concert, plusieurs spectateurs viendront les remercier comme on le fait en général avec l’artiste. 

Bimeni dit qu’il dédie la chanson Missing you à ceux qui ne sont plus là où qu’on n’a plus vu depuis trop longtemps. Malgré un problème d’oreillette qui semble gêner le chanteur, et dont il aura du mal à se débarrasser tout au long du concert, on profite à fond des Black Belts, et plus particulièrement de la section de cuivres, qui sont dignes comme un orchestre d’enterrement à La Nouvelle-Orléans. Ils envoient des lignes très propres et linéaires.

Sur ces compositions qui lui laissent de la place, Bimeni brille. Il feule et lance quelques cris retenus. Sur d’autres titres cependant, il semble devoir se battre contre ses musiciens pour trouver l’espace et les respirations nécessaires à la production de l’élixir mystérieux qu’on appelle soul. Le groupe espagnol souffre un peu d’une approche rock, qui comme on le sait consiste à mettre “tout à fond”. Le groupe applique une pression constante qui, à défaut d’extraire une huile pure et virginale, écrase parfois le fruit avant qu’il n’ait eu le temps de mûrir. 

Arrive Give me Hope, oh, on l’aime celle-là. Bimeni aussi, il semble s’amuser particulièrement, prend le temps de s’adresser à chacun, en regardant le public dans tous les recoins de la salle. Sur Mathematics, le public cantonné jusqu’ici sagement aux chaises pliantes se lève enfin. Il enchaîne sur I can’t get enough of your love, des grappes de gens semblent danser un peu partout. Bimeni disparaît et revient très vite pour livrer une belle performance sur Four walls, qui restera un des points d’orgue de la soirée. 

Texte : Benoit Gautier
Photo © J-M Rock’n’Blues
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