Charley Crockett & The Blue Drifters, Café de la Danse, Paris
21.09.2023
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« Is that jazz ? », se demandait Gil Scott Heron. Pas sûr que la question intéresse vraiment José James, tant sa musique se joue des barrières stylistiques, puisant aussi bien dans le jazz que dans le hip hop, dans le funk que dans une certaine grande variété américaine. Doté d’une technique vocale aussi impressionnante que personnelle – avec notamment un jeu sur les rythmes qui imite les scratches des DJs hip-hop – et d’un phrasé qui évoque par moments celui de Gil Scott-Heron, José James est sans aucun doute une des voix les plus intéressantes et les plus versatiles du moment, même s’il n’a pas – encore – la notoriété de quelques-uns de ses collègues.
José James
Accueilli par un public très attentif dans un Duc des Lombards comble, c’est dans le répertoire dans son futur album, à venir en janvier, qu’il choisi de puiser pour l’essentiel de son concert, passant du dansant It's all over your body, avec sa rythmique hip-hop, à la superbe ballade – dédiée à Leon Ware, avec qui José James a contribué pour ce nouvel album et qu’il présente comme son mentor – Bird of space, sur lequel la délicatesse de son interprétation évoque Terry Callier. Diffusée il y a quelques mois sur internet, Trouble prend toute sa dimension dans une interprétation libre et intense.
Visiblement indifférent aux orthodoxies, il emprunte aussi bien au répertoire des standards américains, le temps d’un Save your love for me qui illustre l’influence persistante d’une Nancy Wilson sur nombre de chanteurs américains, qu’à celui du collectif hip-hop californien Freestyle Fellowship pour Park bench people, auquel il greffe quelques strophes du Winter in America de Gil Scott-Heron.
José James et Takuya Turoda
Si quelques solos à rallonge par ses musiciens – un très bon quartet, dans lequel on remarque notamment le trompettiste Takuya Turoda, très complice avec James – font un peu baisser l’intensité de la performance, l’ensemble reste néanmoins très réussi et confirme l’immense potentiel de James. Est-ce que c’est du jazz ? On s’en fout…
Texte Frédéric Adrian – Photos Isabelle Coeurdevey