Le Rosa’s Lounge lance son label
22.08.2025
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C’était la semaine des Grammys, mais pour lui les honneurs furent à Paris. Pour recevoir le Grand Prix (catégorie Blues & Soul) que lui a décerné la vénérable Académie Charles Cros, l’auteur du remarquable “West Georgia Blues” avait décidé de faire le voyage avec ses parents. Fierté et émotion furent de mise lors de la cérémonie à l’Espace culturel Robert-Doisneau de Meudon (Hauts-de-Seine) dimanche 2 février, mais ce n’est pas tout, car la nouvelle avait aussi enchanté Michael Turner, conseiller culturel à l’ambassade des États-Unis qui a tenu à féliciter le bluesman de 28 ans en personne au cœur de Paris.
Rendez-vous fut donc pris dès le mardi matin suivant à deux pas de la place de la Concorde, non pas pour avaler des croissants à l’ambassade, mais pour une inattendue et fort instructive visite de l’Hôtel de Talleyrand, lieu chargé d’histoire édifié au XVIIIe siècle et acquis par les États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est notamment de là que fut piloté le célèbre Plan Marshall.
Guidés par l’enthousiasme érudit de Candice Nancel, responsable de la section patrimoine culturel de l’Ambassade, Jontavious Willis, son père, sa mère, une petite délégation de l’Ambassade et une poignée de journalistes ont ainsi déambulé sous les ors centenaires de la dizaine de pièces impeccablement restaurées. Une fois arrivé dans la grande salle à manger, ultime étape du parcours, Michael Turner a félicité Jontavious Willis, le remerciant de faire rayonner un patrimoine musical proprement états-unien. Après lui avoir transmis par une franche poignée de main un symbolique “challenge coin”, le représentant de l’Ambassade n’a pas caché son plaisir de se faire dédicacer son vinyle de “West Georgia Blues”.
Quelques photos plus tard, Jontavious s’asseyait tranquillement entre deux drapeaux et sous le décolleté de Madame de Pompadour pour, guitare en main, dégainer un fort bien choisi France blues, titre centenaire de Papa Harvey Hull revitalisé avec la fraîcheur et le charisme qu’on lui connaît.
La veille, Jontavious était passé dans le studio de la radio TSF Jazz et, avec Cartel Concerts dans l’aventure, on le sait entre de bonnes mains côté booking. Lui qui alimente si bien le feu sacré du blues enraciné est bien parti pour revenir souvent dans nos contrées. On se réjouit de revoir bientôt un tel ambassadeur.
Texte : Nicolas Teurnier
Photos © Wilfried-Antoine Desveaux