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Brèves / 20.10.2009

Johnny Jones rejoint Hendrix

Malgré un talent affirmé (jeu de guitare funky et expressif, belle voix grainée et soulful), Johnny Jones est resté finalement assez méconnu jusqu’à sa mort, survenue le 14 octobre.

Né le 17 août 1936 au Tennessee, il vit brièvement à Memphis avant de suivre sa mère au début des années 1950 à Chicago. En plein âge d’or du blues, il forme un groupe avec l’harmoniciste Walter McCollum, joue avec Junior Wells et Freddie King, mais il quitte la Windy City en 1957, diverses pérégrinations le ramenant finalement dans son Tennessee natal, à Nashville. D’abord musicien de studio, il fonde son premier véritable groupe, les Imperial Seven, se produisant régulièrement au club New Era où, dit-on, un jeune guitariste nommé Jimmy Hendrix (pas encore Jimi !) assiste souvent à ses concerts…

En 1962, le bassiste Billy Cox forme les King Casuals (parfois Kasuals) avec Hendrix, que Jones remplace deux ou trois ans plus tard : les deux guitaristes auraient donc pu jouer ensemble, même si les sources manquent pour être formel sur ce point. Quoi qu’il en soit, Jones enregistre avec les Casuals pour le label Brunswick une poignée de titres dans lesquels ils teintent de funk leur blues urbain, notamment sur une version débridée du fameux Purple haze d’Hendrix. Le succès ne suit pas vraiment et, à l’instar de nombre de ses pairs à l’époque, Jones délaisse progressivement la musique dans les années 1970, même si Bobby Bland le sort de sa retraite de 1976 à 1979.

Il faut ensuite attendre près de vingt ans pour que Johnny Jones sorte un premier album sous non nom en 1998 pour le label Black Magic, « I Was Raised On The Blues ». Salué par la critique, ce CD convainc Jones de reprendre la route, même si sa discographie ne s’étoffe guère (« The Blues Is In The House » pour Northern Blues, « In The House » avec le grand chanteur soul Charles Walker pour Crosscut, tous deux en 2001). Cela n’empêche pas Johnny Jones de continuer à se produire sur scène (notamment avec Doc Blakey, autre natif du Tennessee), mais qu’un artiste d’une telle stature n’ait pu accéder à une meilleure reconnaissance est une énigme…
Daniel Léon