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Chroniques / 28.03.2025

Johnny “Guitar” Watson, Rocks

La présence de Johnny “Guitar“ Watson dans les charts R&B, de 1955 à 1995, témoigne d’une qualité rare, celle d’un artiste sachant évoluer, s’adapter. Ce qu’il ne fit jamais au prix de compromissions opportunistes. Ce volume de la série “Rocks” de Bear Family s’intéresse forcément à la première décennie de sa carrière, celle des années 1950.

Le jeune Texan émigré à Los ­Angeles débuta comme pianiste et chanteur de l’orchestre de Chuck Higgins (Motor head baby). Vite repéré, il enregistre sous le nom de Young John Watson pour Federal d’abord comme pianiste (son Highway 60 doit autant à Amos Milburn qu’à Willie Mabon !), mais, dès 1954, c’est à la guitare qu’il va imprimer sa marque. Les influences de Clarence “Gatemouth“ Brown et de Guitar Slim sont perceptibles, mais il va développer son propre langage, très expressif et immédiatement identifiable. Passé sur RPM, il obtient un premier succès en reprenant Those lonely, lonely nights du guitariste néo-orléanais Earl King. Fait rare, les deux versions se classent dans le Top 10 à quelques semaines d’intervalle !

Il enregistre ensuite sur Keen (Gangster of love, démarque de son Love bandit confié aux Cadets sur Modern), Class, Goth, Arvee, Escort avant de retrouver King pour une série exceptionnelle de réussites comme Sweet lovin’ mama et, le summum, Cuttin’ in (S’cuse moi part’naire pour la VF !), semi-ballade tire-larmes, chantée passionnément sur un arrangement de cordes mémorable ! Outre ses qualités de guitariste (qui n’échappèrent pas à Frank Zappa ou à Jimmie Vaughan), JGW était un excellent chanteur, influencé par Ray Charles (You better love, I say I love you), doté d’un sens de l’humour décapant (Gangster of love est digne des Coasters). Cette compilation rend justice à sa période blues, une autre consacrée aux faces funk sur DJM serait tout aussi pertinente ! 

Jacques Périn

Note : ★★★★½
Label : Bear Family
Sortie : 19 septembre 2024