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Live reports / 04.01.2013

John Mayall

La veille de ses 79 ans, le boss du British blues ne montre aucun signe de fatigue. Mieux, c'est avec l'enthousiasme et même la joie d'un tout jeune homme qu'il  arpente  la petite scène d'un New Morning archicomble. Devant un public quasi familial (sa propre nièce et la compagne française de se son bassiste, avec leur bébé, sont dans la salle), Mayall est d'humeur détendue, joyeuse voire rigolarde. Il se fait plaisir et nous fait plaisir, le temps d'un concert assez inoubliable. Il fallait voir son sourire de satisfaction, quand il a commencé à pianoter quelques notes de boogie en s'installant au clavier pour entamer ses balances… Ce sourire ne l'a pas quitté de la soirée. Si les limites évidentes du vieil homme (à la guitare, à l'harmonica et au chant) contrastent avec l'impeccable professionnalisme dont il fait preuve (ponctuel sur scène, rendant hommage à ses musiciens, avec un son absolument au top), elles ne le rendent que plus touchant encore et contribuent de manière un peu miraculeuse à cette espèce de proximité qu'on ressent en l'écoutant.

 

 


Jay Davenport, Greg Rzab, John Mayall, Rocky Athas

 

Il faut dire que derrière lui, ça tourne rond : Mayall est épaulé par une rythmique chicagoane alliant cool et punch (le batteur Jay Davenport et le phénoménal bassiste Greg Rzab) et un guitariste texan qui, s'il est radicalement rock et moins naturellement blues que certains de ses prédécesseurs, a su faire beaucoup de progrès et est maintenant assez indispensable au son du groupe (Rocky Athas). Du blues façon conteur nostalgique (Short wave radio où il évoque sa découverte de la musique et ses premières expériences dans les clubs de l'Angleterre) au rock pêchu (Nothing to do with love du dernier album), Mayall puise au hasard dans le vaste catalogue de ses meilleurs albums, de “Blues From Laurel Canyon” (1968) à “Wake Up Call” (1993). Il termine avec deux perles obligées : la version de All your love d'Otis Rush qui ouvrait le légendaire album avec Eric Clapton, et un Room to move jubilatoire, théâtre d'une joute improvisée avec Rzab.

 

 

Avant et après le concert, c'est comme d'habitude John Mayall lui-même qui vend ses disques (cette fois-ci, trois CD auto-édités de bandes de concerts “historiques” également en vente sur son site web www.johnmayall.com) en se prêtant, toujours avec la camaraderie et la simplicité du débutant, au jeu des autographes et des photos. Un concert chaleureux et un homme étonnant.

 

 

Texte Emmanuel David

Photos © Gilles Luquet