;
Live reports / 30.07.2012

John Lee Hooker Jr.

Ça met un peu de temps à prendre dans la salle (en configuration “assise”), mais sur scène c'est chaud d'entrée de jeu. Difficile d'en être autrement avec un tel tandem rythmique. C'est flagrant, Frank “Tebo” Thibeaux (basse) et Mike Rogers (batterie) s'éclatent et le blues qu'ils assènent n'en est que meilleur. Un blues qui sue le funk à grosses gouttes, façon juke joint, façon Bobby Rush. D'autant qu'appuyé par du “synthé-cuivres” (James “Gig” Anderson, qui officie aussi au piano et à l'orgue), ça donne un son chitlin' circuit qu'on entend bien peu de ce côté-ci de l'Atlantique. Deux souffleurs (parisiens apparemment) grossissent les rangs du Hooker Band, mais ils auront du mal à trouver leur place : sans cesse doublés par le synthé, leurs riffs de sax alto et de trompette boivent un peu la tasse, les timbres entrant en concurrence. Si l'initiative est louable, elle reste à parfaire.


Frank “Tebo” Thibeaux


Mike Rogers

En tout cas, à l'image aussi du guitariste Jeffrey James Horan, tout le monde joue avec un entrain et un plaisir palpables, et tant pis si ça sonne un peu fouillis par moments. Ça transpire, c'est vivant et Hooker Jr. en impose avec son chant robuste et un sens du show bien rodé. Au premier set, il propose surtout du neuf, des morceaux de son nouvel album (“All Hooked Up”, à paraître le 15 septembre prochain) comme Tired of being a housewife et Let me be. Des titres qui tournent déjà bien et dans lesquels on reconnaît sa patte de storyteller, celle d'un Blues ain't nothing but a pimp qu'il interprétera aussi. Rayon blues lent, on retient le poignant Hard times.


Jeffrey James Horan

Un medley en hommage à Muddy, B.B., Stevie Ray et, bien sûr, son père conclue la première partie. La seconde laissera plus de place aux reprises (Dimples, Shake your moneymaker, Sweet home Chicago…), sur un mode blues funk avec une pointe de boogie (le final sur le Boom boom paternel) qui fit danser le New Morning tout du long comme rarement à un concert de blues.

Nicolas Teurnier
Photos © Stella-K