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Chroniques / 25.04.2020

John Blues Boyd, What My Eyes Have Seen

John Blues Boyd revendique fièrement ses expériences et ses souvenirs. Il est né dans le Mississippi en 1945 et Dieu a mis le blues dans son ADN. Il a cueilli du coton, a marché pour la paix, il a été contemporain des assassinats de John F. Kennedy et Martin Luther King, il a dû quitter sa maison, partir en Californie et prendre un métier de couvreur au lieu de devenir chanteur. Avec ce que ses yeux ont vu, il était obligé de vivre dans l’ombre. Mais il a pu en sortir grâce à l’amour d’une femme nommée Dona Mae avec qui il a vécu 49 ans et qu’il a eu la douleur de mettre en terre. Mais la force de l’amour est restée et lui a permis de se lancer dans une vraie carrière de musicien.

John chante tout cela dans ses textes, d’une voix claire, affirmée et digne, qui renvoie aux grands chanteurs des années 1940 et 1950, on pense à Percy Mayfield. La musique est belle, entraînante, sur des rythmes rapides ou moyens, avec des cuivres, un orgue groovy, une guitare sinueuse qui vient claquer soudainement pour renforcer la tension, des ambiances adaptées, comme celle jazzy et menaçante de la chanson Why did you take that shot où John s’adresse au meurtrier de Martin Luther King, et que Kid Andersen orne d’un superbe solo de guitare. Il remet ça sur le jump blues That singing roofer ou sur le funky I got to leave my mark. Les autres musiciens sont au diapason, unis dans un très beau son à l’écho prononcé.

Le disque est parsemé de séquences intimistes, courtes, proposées en tant que telles ou intégrées aux chansons principales. Le blues, ici à la croisée du rhythm and blues et du blues électrique, joue bien son rôle cathartique. Ce n’est pas parce que la vie a été dure qu’il faut se lasser aller. On peut parler de tout ça mais c’est mieux de le faire en dansant.

Christophe Mourot

Note : ★★★★
Label : Gulf Coast
Sortie : 4 octobre 2019 (digital) et 6 mars 2020 (CD)

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