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Live reports / 23.05.2022

Joel Culpepper, Le Hasard Ludique, Paris

28 avril 2022.

Bien qu’il soit un habitué du circuit soul britannique, Joel Culpepper ne s’était a priori jamais produit en France jusqu’ici, et il a fallu supporter – lui comme nous ! – toute une série de contretemps et de reports pour pouvoir enfin l’entendre chanter sur scène les chansons de son remarquable premier album, “Sgt Culpepper”, sorti en 2021.

En ouverture, c’est la chanteuse francilienne Lagrace qui présente son répertoire et notamment les chansons Silly et Black bitch qui lui ont permis de se faire remarquer ces derniers mois. Seule sur scène avec une bande et pas aidée par des éclairagistes peu inspirés, elle fait le show avec un aplomb impressionnant et finit par conquérir un public pas venu pour elle malgré un répertoire très inégal mais qui montre un potentiel certain. 

S’il est accompagné sur scène par deux musiciens – le producteur et multi-instrumentiste Shawn Lee à la batterie et son guitariste régulier (et coproducteur d’un titre de l’album) Rich de Rosa –, Culpepper a aussi largement recours aux bandes pour reproduire les riches arrangements de son disque, qu’il joue ce soir dans son intégralité et dans l’ordre. Avec sa souplesse vocale – il est aussi à l’aise dans les passages rapés qu’en falsetto – et son charisme personnel – la disparition de son t-shirt dès les premières minutes du show est accueillie par des cris de joies d’une certaine partie du public –, le chanteur n’a aucun mal à dépasser les contraintes techniques liées au format, et il donne des interprétations très réussies de chacun de ses titres, évoquant aussi bien Prince que D’Angelo.

C’est le dernier soir de sa tournée européenne – qui succède à une tournée américaine en première partie de Tom Misch qui l’a visiblement enchanté –, et Culpepper a envie de se donner et de partager le moment avec un public parisien très réactif à qui la taille raisonnable de la scène permet de communier directement avec l’artiste qui n’hésite pas à le solliciter directement, par exemple en lui apprenant les chœurs de Break. Un problème de siège de batterie lui impose de sortir du cadre de l’album et lui donne l’occasion d’improviser une chanson inédite avec son guitariste.

Une longue et chaleureuse ovation salue le Black boy qui conclut le concert comme l’album, mais Culpepper ne tarde pas à retrouver la scène pour une version très intense de Woman, une chanson parue sur son EP “Tortoise” de 2017 et dont une superbe interprétation en vidéo pour la série Colors avait contribué à le faire remarquer – il la présente d’ailleurs comme « la chanson qui m’a permis de quitter mon boulot » ! C’est depuis le public que Culpepper sacrifie au rituel désormais traditionnel de la photo de fin de concert, laissant des spectateurs aux anges après une performance particulièrement réussie. Au vu de la réussite du concert, il serait surprenant et regrettable que Joe Culpepper ne devienne pas un habitué des scènes françaises.

Texte : Frédéric Adrian