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Live reports / 07.07.2015

Joe Bataan

Dans une saison festivalière plutôt pauvre en surprises et en inédits, la venue en France, pour la première fois depuis trente cinq ans, du père fondateur de la latin soul Joe Bataan fait figure de petit miracle. Outre quelques dates de festivals, la tournée faisait étape pour un soir à Paris, dans le cadre récemment rénové des Étoiles, une petite salle agréable située à quelques pas du New Morning. Pour l’occasion, Bataan est accompagné d’un orchestre français spécialisé dans le registre, Setenta (dont Soul Bag avait loué les mérites du dernier album), renforcé d’une choriste et d’un trompettiste.

La prestation de Bataan se tenant dans le cadre d’une grande soirée consacrée à la soul latine, il faut attendre presque 23 heures pour que Setenta prenne place sur la petite scène pour chauffer le temps de deux morceaux un public que la très bonne programmation musicale avait déjà mis dans l’ambiance. C’est vêtu d’un peu discret costume rouge et blanc que Bataan déboule sur scène pour une rapide distribution de T-shirts et de disques au premier rang, après laquelle il s’engage à jouer tous les morceaux attendus par ses fans !

Clin d’œil francophile, c’est avec I wish you love – la version anglophone de Que reste-t-il de nos amours ? – qu’il attaque son show, d’abord en mode ballade puis en mambo, avec d’enchaîner ses classiques, d’Ordinary guy à Gypsy woman en passant par le plus récent Call my name. Seule une version salsa du Notre Père paraît un peu incongrue… Sans surprise, le répertoire repose essentiellement sur ses titres les plus dansants – même sa tentative rap, le très amusant Rap-O Clap-O, est au programme –, au détriment de ses ballades comme What good is a castle, mentionnée en début de concert mais pas interprétée.

Même s’il n’a jamais été un grand chanteur, Bataan est plutôt fatigué vocalement – il est arrivé la veille et mentionne que l’horaire tardif du concert dépasse son heure habituelle de coucher ! Mais cela, pas plus que la petite taille et l’encombrement de la scène des Étoiles, ne l’empêche pas d’assurer le show, installé derrière un clavier qu’il n’utilise que très ponctuellement. Après un final endiablé sur sa version de The bottle de Gil Scott-Heron, il revient pour un rappel très attendu sur Mestizo avant d’inviter ses admirateurs à venir le rencontrer après le concert, promettant même d’être le dernier à quitter les lieux ! Une belle soirée en compagnie d’un artiste attachant dont on espère qu’il n’aura pas à attendre trente-cinq ans pour revenir en France…

Frédéric Adrian