;
Live reports / 13.02.2018

Jhené Aiko

Sac à dos sur l’épaule, veste de jogging tombante, la voilà qui débarque innocente au milieu d'une scène parée de plantes luxuriantes. Derrière, le large écran ne cessera de diffuser des compositions vidéo. Prolongeant ses albums, Jhené Aiko invite au voyage et soigne son image. Seulement la chanteuse californienne voyage léger : à ses côtés un type aux claviers (qui cogne aussi sur quelques pads) et une harpiste plus décorative qu'essentielle. Et c’est tout. Le reste sort de l’ordinateur, dont une bonne partie des voix et des chœurs d’Aiko elle-même. Un peu limite.

 

 

 

 

 

Ça n'empêche pas son magnétisme vocal et sa beauté fragile d’irradier tranquillement la salle (un Elysée-Montmarte complet, tout de même). En toute logique Jhené Aiko fait surtout et d’abord honneur à “Trip”, son deuxième long format paru récemment qui possède peut-être ses meilleures chansons mais qui s'essouffle sur la longueur (21 titres !). En enchaînant très tôt While we’re young et Sativa, on se dit qu’elle va en profiter pour focaliser le répertoire sur la crème, en fait elle jouera aussi une bonne partie des titres plus communs, et replongera dans les titres de ses débuts en solo via “Sail Out” (2013) et “Souled Out” (2014). Pour le grand plaisir d’une salle toute acquise, brandissant une nuée de smartphone sur des titres phares comme Bed peace et The worst.

 

 

 

 

 

 

Mais ce show millimétré d’une heure trente (avec bon nombre de versions écourtées pour caser un maximum de titres) pose clairement les limites d’une configuration aussi minimaliste. À part trois changements de tenues, pas grand-chose pour relancer l’attention, si ce n’est lorsqu’Aiko se charge de la partie rappée par Kendrick Lamar sur Stay ready ou pousse sa voix vers la soul dans Frequency. Ailleurs, son R&B posé qui mise sur la confession au creux de l’oreille souffre donc d’un rendu scénique beaucoup trop linéaire. On peut être ému de la voir émue, apprécier ses allers et venues et sa franchise apparente, mais aussi sentir assez tôt s’installer une pointe d’ennui voire une certaine frustration. Alors pour conclure va-t-elle se lâcher sur OLLA (Only lovers left alive), son seul titre réellement dancefloor, tendance electro-funk du milieu des 80’s ? Non, le titre sera simplement diffusé comme bande-son à une distribution de roses. Charmant mais léger.

Nicolas Teurnier
Photos © Frédéric Ragot