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Chroniques / 14.04.2020

Jhené Aiko, Chilombo

Trois ans après avoir noyé le deuil dans les stupéfiants sur “Trip”, Jhené Aiko nous invite une nouvelle fois à sonder les tréfonds de son âme avec ce troisième album qui oscille entre sexualité et spiritualité, intitulé d’après son nom de famille. Un disque ambitieux dans son minimalisme, sur lequel plane une aura zen, mystérieuse et ésotérique, évoquant le Japon de ses aïeux.

Et pour cause, la chanteuse américaine a eu l’idée assez originale d’utiliser les bols de cristal chantants alchimiques, jusqu’ici connus pour leurs vertus de guérison, comme des instruments de musique. Une idée loin d’être payante. En effet, la torpeur qui se dégage de cette atmosphère méditative ne fait qu’exacerber les défauts habituels de la musique d’Aiko : un flot interminable (63 minutes au total) de mélodies répétitives, colorées d’une seule et même teinte, auquel même les prestigieux invités convoqués pour l’occasion (Miguel, John Legend, H.E.R., Nas) ont bien du mal à apporter du relief. Que le morceau le plus marquant de l’opus, Happiness over everything, aux côtés de Miguel, ne soit rien d’autre qu’une nouvelle version réactualisée du Hoe figurant sur sa première mixtape “Sailing Soul(s)” de 2011, en dit long sur l’impasse créatif de l’ensemble.

D’autres titres parviennent à sortir un tant soit peu du lot, plus ou moins heureusement. Si 10k hours jette un agréable coup d’œil dans le rétroviseur d’un R&B ‘90s nappé d’accords de piano jazzy et si One way St. combine rythmique boom-bap et sonorités asiatisantes dans un esprit chill à la Onra-Nujabes, LOVE n’évite pas l’écueil de l’hymne pop FM convenu, à l’optimisme vaguement reggae, façon No one d’Alicia Keys. Pour le reste, ce nouveau projet déçoit. Peut-être faut-il avoir les chakras grands ouverts pour l’apprécier à sa juste mesure…

Mathieu Presseq

Note : ★★
Label : Def Jam
Sortie : 6 mars 2020

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