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Chroniques / 22.02.2019

Jennah Bell, “Anchors & Elephants”

Un bel EP calé dans un coin de la mémoire depuis 2015 (cf. SB 223),on l’attendait ce premier album de Jennah Bell. Le voici donc, fruit d’une vie new-yorkaise avant que la native d’Oakland remette le cap sur la Côte Ouest. Et revoilà Candied daylight, généreux titre phare qui illuminait déjà “Anatomy” et qui devient ici la judicieuse porte d’entrée dans l’univers d’une chanteuse, auteure et guitariste douée pour gommer les frontières entre soul, folk et pop, à l’instar d’une Corinne Bailey Rae. Les courbes de son timbre acidulé volontiers countrysant évoquent aussi Valerie June avec laquelle elle partage un goût pour habiller ses chansons d’un drapé empreint de féerie.

Sur un canevas boisé ciselé par des guitares acoustiques, Jennah Bell a le don, au détour d’un refrain, de faire délicatement virevolter ses mots au gré d’une mélodique qui résonne telle une ritournelle sans âge. En émane une force poétique qui s’imprime durablement le long d’une série de perles mélancoliques nommées Chapter 3: the hatchet, John Forbid, Common cold ou encore Another Louisiana. Ce son organique soigneusement élaboré, Bell et son producteur-ingénieur-musicien Michael Aaron Haziza savent aussi le durcir (les saillies rock blues de Can’t be too careful) ou lui donner des atours R&B (le groove appuyé de Everybody likes to party).

C’est d’ailleurs une certaine nervosité rythmique sous-jacente qui permet à “Anchors & Elephants” de ne pas se fourvoyer le long de sa trame avant tout recueillie et parfois contemplative. Et quand la pulsation avance sur la pointe des pieds, on se laisse porter, suspendu aux lèvres de Green & blue, cette ballade qui au cœur de l’album invite au lâcher-prise.

Nicolas Teurnier

Note : ★★★★
Label : Autopublié / jennahbell.com
Sortie : 22 février 2019

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