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Live reports / 17.05.2018

Jazz Sous Les Pommiers (Part. 1)

C'est par la Normandie que le big band de Christian McBride a entamé sa première tournée européenne. Seule date en France de la formation, celle de Coutances donnait le ton du festival, exigeant, précieux et entraînant. Fort de seize musiciens et d'une chanteuse, le groupe est à l'image de son leader : joyeux, dynamique et ouvert sur le vaste patrimoine des musiques noires-américaines. Que c'est agréable de voir cet homme de 45 ans, dont les participations se comptent par centaines et les projets par dizaines, ne jamais se départir d'un grand sourire et d'une immense décontraction. Il dirige son groupe d'une main souple et précise, et la réussite est totale.

 

 

Jamais nostalgique, le programme fait la part belle au jazz funk, citant quelques-uns des mentors du leader comme James Brown, Freddie Hubbard, Cannonball Adderley et George Duke. C'est un big band actuel, moderne et funky. Tout de même, les interventions de son épouse et chanteuse Melissa Walker apportent davantage de classicisme et de romantisme. Idem avec la reprise de la fameuse Blues march d'Art Blakey and the Jazz Messengers. De quoi rappeler bien des souvenirs à la plupart d'entre nous. Et de nous quitter ravis. 

« Je ne connais pas de femmes musiciennes de jazz en France », a lancé en 2004 Rhoda Scott au patron du festival Jazz à Vienne. Après son Ladies Quartet, voici l'organiste au cœur d'un nouveau projet 100 % féminin, le Rhoda Scott Ladies All Star. Trois saxophonistes, une trompettiste, deux batteures, et Rhoda au centre, assurant aussi bien les basses que nombre de solos. 

 

 

 

À bientôt 80 ans, pas question pour elle de regarder en arrière : le répertoire ne comprend que des compositions, dynamiques et tendues. On aurait aimé entendre quelques morceaux lents, mais c'est le choix de ces dames : foncer, proposer, bosser. De même, un peu plus de décontraction ou d'interaction ouverte sur le public n'aurait pas été de trop. Mais c'était une première, le liant viendra certainement au fil des concerts. 

Julien Crué
Photos © Sébastien Toulorge