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Live reports / 22.05.2013

Jazz Sous les Pommiers

Mardi 7 mai

Le Heritage Blues Orchestra avec Bill Sims, sa fille Chaney, Junior Mack, Vincent Bucher, Kenny Smith et Bruno Wilhelm a livré un set efficace, largement basé sur le disque “And I Still Rise”. On a retrouvé avec plaisir leur blues empreint de gospel, bien servi par les voix magnifiques, notamment celle de Junior Mack, très imposante, et celle, impressionnante d’agilité, parfois trop, de Chaney Sims. Le jeu de scène des trois leaders est tout en retenue, même si Chaney s’est levée par moment pour danser, et c’est Vincent Bucher à l’harmonica et Bruno Wilhelm au saxophone qui  du coup apportent le mouvement. Vincent a été étincelant, aussi bien en rythmique qu’en solo. Le répertoire a alterné pièces enlevées et intimistes, au grand plaisir du public qui démarrait au quart de tour dès qu’il était sollicité par le groupe.

 


Bill Sims Jr., Chaney Sims, Junior Mack, Bruno Wilhelm

 

Après un rappel mérité, il a fallu céder la place à C.J. Chenier et le Red Hot Louisiana Band. Le public était-il prêt pour un tel concert de zydeco ? On a vite ressenti un décalage entre la scène et la salle, dont a majorité a semblé découvrir cette musique très typée et plutôt rare en France dans les grands festivals, surpris par la mise en avant de l’accordéon, le côté répétitif des mélodies et des rythmes, et, de plus, dans l’impossibilité de danser, parce qu’assis et sans espace pour bouger. C.J. a vite vu que ça n'accrochait pas et en a sans doute moins fait que d'habitude, mais ça n’en a pas moins été un très bon concert d’authentique zydeco, avec boogie, la la, two steps, valse, blues lents, un groupe au niveau, très bons frotteur et batteur, guitariste toutefois un peu trop rock. Le leader a une allure folle, ses doigts sont agiles sur l’accordéon piano, c’est avec regret qu’on les a vus quitter la scène sans rappel.

 


C.J. Chenier & Red Hot Louisiana Band

 

 

Samedi 11 mai

En marge du concert de clôture, la Fondation Orange a décerné son “Coup de Cœur” pour soutenir les jeunes artistes de jazz. Cinq artistes ou groupes avaient été sélectionnés et soumis au vote des internautes, qui a rassemblé près de 10 000 participants. Les nommés étaient Leïla Martial, Vieux Farka touré, Thomas de Pourquery, Lindigo et Amari Famili. J’ai eu l’honneur de remettre ce prix à Amari Famili, groupe français de musique tzigane, en compagnie de Jon Hendricks, invité d’honneur du festival et toujours alerte à 91 ans.

Très beau concert en soirée avec le chanteur Gregory Porter, une des plus belles voix jazz actuelles, accompagné d’un groupe de pointures, Chip Crawford au piano, Yosuke Sato au saxophone, Aaron James à la basse et Emmanuel Harold à la batterie. Après un certain temps de chauffe, tout s’est mis en place et ce fut un feu d’artifice vocal, Gregory ayant une voix de haut niveau, à la fois chaude, profonde, majestueuse, bien en rythme, tout en étant capable d’en sortir pour transcender les genres. Ballades, morceaux plus enlevés, passages blues ou gospel, c’est du jazz à la fois contemporain et respectueux de la tradition. Jon Hendricks est apparu en guest star pour deux morceaux et sa collaboration vocale avec Gregory fut à la fois emballante, émouvante et exceptionnelle. À partir de là, le spectacle est monté en puissance jusqu’à un final mettant le public debout en chantant. Le rappel se fera avec Jon Hendricks et sera suivi d’une immense ovation.

 


John Hendrick et Gregory Porter

 

Texte et photos : Christophe Mourot