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Live reports / 12.05.2012

JAZZ SOUS LES POMMIERS


Otis Taylor

samedi 12 mai – Don Byron New Gospel Quintet

Don Byron aime les expérimentations. Ça tombe bien, depuis plus de trente ans, Jazz Sous Les Pommiers aussi. Pas question donc d'entendre une énième version de Oh happy day. C'est à Thomas Andrew Dorsey, le père du “gospel blues”, que le multi-instrumentiste américain avait choisi de rendre hommage. Au programme, des classiques du patrimoine religieux noir-américain comme Hide me in thy bosom, Take my hand, precious Lord et autre Highway to heaven. Bien épaulé par la chanteuse Barbara Walker, Byron préfère souvent la clarinette au saxophone et donne une coloration très New Orleans à ses reprises. À juste titre, les rythmes sont traînants mais le leader, un temps nonchalant, tarde un peu à s'impliquer vraiment. Les déclics ? La présentation d'un morceau de Kirk Franklin, successeur contemporain de Dorsey, puis le magnifique Consideration. Allelujah ! La tournée européenne du Don Byron New Gospel Quintet se termine en apothéose.


Brad Jones, Don Byron, Barbara Walker


Don Byron

 

mardi 15 mai – Kenny Neal et Otis Taylor

La soirée blues démarre à 20 h 30 pile. Kenny Neal n'a besoin d'aucun round d'observation. Le chanteur et guitariste de Baton Rouge a un an de plus que Don Byron. Il en paraît dix de moins. Autre surprise : sa voix, puissante et rauque, est naturellement “énorme”. Dans le sillage de Howlin' Wolf, il pourrait s'en servir pour faire peur aux enfants. Lui préfère ne pas en abuser et séduit plus qu'il ne menace. Une romance par là (Since I met you baby), un classique de Jimmy Reed par ci (Baby what you want me to do), le tour est bien joué et j'apprécie particulièrement le clin d’œil à Bobby Bland (You've got to hurt before you heal). Une heure de concert, c'est trop court, mais ce n'était qu'une première partie.


Kenny Neal


Otis Taylor

Otis Taylor n'a pas l'air comme ça, mais il aime plaisanter. « My tailor is rich », bien sûr. Mais c'est uniquement pour faire un pas en direction du public français. Ses textes, il ne les articule pas assez pour que leur sens nous parvienne. Dommage. Reste l'énergie (rock) et la tension (électrique) transmises par un groupe de musiciens dévoués et admiratifs. La violoniste Anne Harris est la plus impressionnante. Elle sait ce que le blues a en commun avec les musiques folk importées par exemple des pays celtes. Amazing grace, par elle, et Hey Joe, par l'ensemble, seront les seuls emprunts au répertoire universel. Les autres morceaux sont du Taylor pur jus. Ils tiennent à peu de chose, à des gimmicks obsédants. Et ça fonctionne très bien. Le blues continue de mériter sa place sous les Pommiers.
Julien Crué
Photos © Julien Crué, sauf Don Byron © Marjorie Janetaud


Anne Harris