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Live reports / 20.06.2022

Jazz Sous Les Pommiers 2022

20 au 28 mai 2022, Coutances, Manche 

Pari réussi pour le premier (vrai) Jazz Sous Les Pommiers post-confinements. « Revivre le festival tel qu’on l’avait quitté [il y a trois ans], c’est extrêmement jouissif », lâche dans un soupir-sourire Denis Lebas, le directeur du festival, samedi 28 mai au soir, jour de son propre anniversaire, et surtout au terme d’une 41e édition dont la fréquentation frôle celle de 2019 (35 000 billets vendus, 42 concerts payants complets sur les 61 programmés). « Signe d’une envie de retour au spectacle vivant », cette édition du meilleur festival de jazz de l’Ouest ouvre idéalement la saison musicale estivale. Souvenirs made in Normandy. 

Dimanche 22 mai 

Les fanfares, c’est bien ; un “dimanche en fanfares” réussi sous les pommiers, c’est encore mieux. Au deuxième jour du festival de jazz normand, all is well, tout va bien. Le temps se maintient, entre quelques gouttes et de belles éclaircies, les 4 000 bracelets donnant accès au programme du jour (sept groupes répartis sur quatre lieux) ont trouvé preneurs, heureux festivaliers que nous sommes de nous retrouver autour du swing, du funk, de la fête à la fois endimanchée et décontractée. 

En tête d’affiche pour nous, ce dimanche, il y a les excellents jeunes musiciens de NOLA French Connection. Ces huit garçons passés par La Nouvelle-Orléans et basés en région parisienne (cf. Soul Bag 233) débordent d’énergie et d’inventivité : dès leurs premiers coups de cuivres et autres roulements de caisse claire, ils mettent le public de la grand-place des Unelles dans leur poche. Ça prend tout de suite, dès l’imparable Turn it up, extrait de leur album de 2018. Les compositions, les arrangements et l’essentiel de l’ambiance sont du trompettiste Hippolyte Fèvre, généreux, drôle et souriant. Excellente, l’idée d’adapter en mode marching band Between the sheets, le tube des Isley Brothers de 1983 ; trop forte la reprise du classique Little Liza Jane (une pensée, ici et maintenant, pour le trompettiste de La Nouvelle-Orléans, Charlie Miller, entendu ici après Katrina) ; très réussie la version, d’abord sombre puis joyeuse, de St. James infirmary. De 15 h 30 à 16 h 30 (et quelques), à l’ombre d’un magnifique cèdre du Liban. New Orleans dans le Sud-Manche, ça fonctionne à merveille. Bravo et merci. 

Avant ça (ou après, puisque certains concerts sont doublés, sous les pommiers, pour qu’il y en ait pour le plus grand nombre), il ne fallait pas manquer La Mafia Normande Deluxe au square de l’Évêché. Un guitariste coutançais, un violoniste breton : la musique ne connaît pas de frontières. Même si les garçons mettent à leur répertoire J’ai l’cafard, une belle et ancienne chanson française popularisée par Damia, c’est le swing à la Django (The sheik of Araby) et la joie de jouer ensemble qui l’emportent. Public nombreux et conquis, la tente est trop petite pour abriter tout le monde. Un moment plein d’élégance et de fraîcheur. 

À 17h45, la température monte de plusieurs degrés salle Marcel Hélie, ce marché couvert qu’on aime tant voir transformé en salle de concert. Comment s’attendre à découvrir un tel spectacle ? Le Mandé Brass Band est une fanfare à la fois africaine (Burkina-Fasso et Côte d’Ivoire) et française (Toulouse), inspirée des rythmes mandingues mais aussi néo-orléanais. Sous les pommiers, les organisateurs parlent de musiques cousines, et le pluriel est cette fois plus important que jamais. Ils sont sept sur scène : trois souffleurs, deux percussionnistes, un joueur de soubassophone et un autre de balafon. Tous chantent et dansent, en chœur ou en solo. Le Mandé Brass Band se présente comme une « fanfare afro urbaine », mais c’est surtout un collectif d’une grande mixité, d’une immense musicalité et d’une puissance bluffante. Les yeux écarquillés, scotché ou debout, difficile de résister aux appels à danse-transe des leaders, Alassane Sanogo au djembé et Fabien David aux dununs (tambours africains). « On est toujours ensemble ? », lance Alassane, appelant le public à se lever, puis à s’asseoir, puis à se lever. L’échange entre la scène et la salle est tout à fait naturel (le groupe se produit aussi en rues) et les morceaux, percutants et langoureux, nous hypnotisent. On se quitte sur Mande carnaval : il n’y a pas de saison pour faire la fête. Il est 19 h 05, rideau sur un très beau dimanche.
Julien Crué 

NOLA French Connection
La Mafia Normande Deluxe
Mandé Brass Band

Mardi 24 mai

Elle s’est tout de même presque emplie jusqu’au jour J, la grande salle Marcel Hélie ! Malgré la frilosité de l’époque où les jauges s’amenuisent, c’est au final un public quasiment au complet (1 200 personnes) qui se presse en ce mardi 24 mai pour applaudir un plateau 100 % américain : Cedric Burnside du Mississippi, puis Thornetta Davis de Détroit, présentée comme l’une des huit têtes d’affiche d’un festival qui accueillait cette année encore pléthore d’artistes prestigieux, parmi lesquels Ibrahim Maalouf, Melody Gardot ou Michel Portal. La suite se passait au Magic Mirrors pour les plus noctambules, avec un beau concert de Muddy Gurdy jusque près de 2 h du matin…

Simplement accompagné de son batteur Artemas LeSueur, Cedric Burnside fera alterner plusieurs guitares – acoustique ou électriques – au fil d’un set d’une heure. Une durée “suffisante” sur le papier pour applaudir deux artistes qu’on imagine statiques, et dont on peut présupposer qu’un répertoire répétitif ne captivera guère que quelques inconditionnels au-delà de quelques titres… Il n’en fut absolument rien ! 

20 h 30 : l’homme, souriant et affable, arrive rapidement et a hâte de nous saluer. Dès l’entame avec The world can be so cold, puis déroulant majoritairement son dernier album, le petit-fils de R.L. Burnside et fils de Calvin Jackson captive littéralement. Ce disque, “I Be Trying”, a été enregistré en trois jours seulement aux studios Royal de Memphis. Cedric y modernise le style avec lequel la tradition familiale l’a fait naître, puis adorer, puis servir cette musique primitive, précieuse, initiatique ; il nous en offre généreusement de larges extraits. La rythmique se fait obsédante, on peut penser au fantôme de Lightnin’ Hopkins qui se serait emparé de son corps pour mieux en faire jaillir ces notes sèches, saccadées, en volutes groupées, côtoyant celui d’Ali Farka Touré, faisant valoir, lui, la tradition de la terre séminale…

Sourire permanent, les yeux mi-clos, il fait répondre la salle en rythme. « Merci, je vous entends ! », nous renvoie-t-il. Le pouce martèle la corde grave, les autres doigts de la main droite s’entremêlent en “pattes d’araignée” sur les autres cordes ; pas besoin d’onglets ou de médiator, le feeling passe sans transition du cœur de l’homme à l’instrument, pour aussitôt ravir nos oreilles. Il peut placer son chant haut, à l’unisson d’un jeu “notes à notes” rapide, ou puiser vers des graves sombres, à l’aune du répertoire hypnotique, aux rythmiques lourdes ou moins marquées selon les ambiances égrenées. Chacun peut percevoir, au fond de soi, cet art brut de la tradition du Hill Country blues transcendé par ce toujours jeune homme de 44 ans.

Assis derrière ses fûts perpendiculairement au public, Artemas LeSueur, qui a appris la batterie à Cedric Burnside – c’est son premier instrument et il en joue toujours – possède un jeu fourmillant et complet. Grosse caisse martelée, tom basse et tom medium souvent sollicités, caisse claire à la frappe sèche, charleston souvent béante, les deux cymbales ride et crash étant également de la partie à tout détour de grille. Cet homme ne joue pas comme un froid technicien ; bien au contraire, il fait avec magie de chaque élément de sa batterie un instrument à lui seul. Il répond au chant ou à la guitare de son compère comme le ferait un guitariste solo à son leader-chanteur : avec à-propos et quasi-simultanéité, et surtout, tout en naturel. Incroyable de vérité, le duo fascine littéralement.

Récemment auréolé d’un second Grammy Award, Cedric Burnside n’oublie pas de rendre hommage à Junior Kimbrough ou à R.L. Burnside, comme une évidence que la “passation de flambeau” qui a eu lieu donnera suite à une autre succession naturelle… peut-être à l’une de ses trois filles ? Artiste solaire et non scolaire, Cedric Burnside aura livré un show merveilleux, sans temps mort, faisant entrer dans son univers singulier une heure durant plus d’un millier de gens médusés, qui lui ont bien rendu sa ferveur. De tels moments de grâce ne surviennent pas devant chaque artiste ; il convient donc d’apprécier à sa juste valeur ces qualités humaines et musicales quand cela nous est rendu possible. Bravo Cedric, bravo Coutances !
Marc Loison

Cedric Burnside
Artemas LeSueur, Cedric Burnside

Difficile de passer après une telle performance. Surtout après de longues heures et plusieurs changements d’avions qui ont considérablement rallongé le voyage de Thornetta Davis et de son groupe. Venue à Coutances de Détroit pour une seule et unique date en… Europe (!), la chanteuse n’a rien publié depuis son excellent “Honest Woman” en 2016 (4 étoiles dans Soul Bag 226) et c’est d’ailleurs le visuel de ce disque qui s’affiche sur le grand écran de la salle Marcel Hélie. Les compositions, signées Thornetta, sont excellentes, à commencer par l’hommage à ses sœurs en blues (When my sister sings the blues), jusqu’au gospélisant I believe (Everything gonna be alright) – cf. le clip, formidable.

Si la chanteuse et compositrice, influencée notamment par le regretté Johnnie Bassett, mérite pleinement son titre de “Detroit’s Queen of the Blues”, elle est loin de s’en tenir à ce genre. Pour preuve, elle reprend aussi bien Crazy, le tube de Gnarls Barkley (en citant son « ami Cee Lo » Green), qu’un morceau des Allman Brothers ou le célèbre Use me de Bill Withers. Même si la fatigue du groupe est légèrement palpable et compréhensible, il nous offre un show éclectique, généreux et réussi. Une heure et quart comme on aime et la compo Get up and dance away your blues pour se quitter très bons amis. Vite, Thornetta : enregistrez une suite à “Honest Woman” et revenez dans nos contrées, s’il vous plaît. 
Julien Crué 

Thornetta Davis

Après le show de Thornetta Davis, il faut parcourir quelques dizaines de mètres pour monter jusqu’à la magnifique cathédrale de Coutances, et pénétrer dans le Magic Mirrors qui lui fait directement face, pour retrouver la formation auvergnate à cette heure tardive. Il est minuit pile quand débute le concert de Muddy Gurdy : Tia Gouttebel (chant, guitare), Gilles Chabenat (vielle à roue) et Marc Glomeau (percussions). Le répertoire composé des deux albums du groupe – “Muddy Gurdy” puis “Homecoming” – rappelle que l’enregistrement de chaque opus possède son histoire et son identité propre.

Enregistré dans le Mississippi pour le premier, à la rencontre de quelques-uns des acteurs du Hill-Country blues (dont Cedric Burnside), et dans leur région d’origine pour le second, dans des endroits improbables comme le cratère d’un volcan en pleine nuit, une vieille grange ou une chapelle, le répertoire est sollicité avec le même bonheur. L’unité qui s’en dégage est saisissante. Les trois protagonistes, placés à égalité en “front stage”, se nourrissent mutuellement de l’apport des deux autres pour chaque pièce musicale. L’ambiance revêt tour à tour la gravité – le terrible Strange fruit emprunté à Billie Holliday – ou l’incroyable pouvoir d’une danse infinie et belle, sur un rythme obsédant – l’immense reprise de Jessie Mae Hemphill Lord help the poor and needy

La guitare passe d’un écho-trémolo travaillé au millimètre à un son clair et détaché. Le chant de Tia Gouttebel a gagné en épaisseur avec les années ; la voix est belle, forte, pleine d’assurance. Elle ne laisse pas le spectateur dans l’expectative, mais explique brièvement chaque titre avec des mots choisis, évitant l’écueil du concert-conférence pour, avec dynamisme et enthousiasme, faire valoir son amour pour ces musiques qu’on pourrait qualifier d’hybrides : l’habile mélange du blues du Mississippi et des musiques traditionnelles d’Auvergne. Elles sont le fruit d’une rencontre entre deux univers à priori différents, mais que le traitement du groupe sait unir avec un génie rare. Seul un spécialiste saura discerner une composition – elles sont nombreuses et fouillées – d’une reprise, où des titres de Mississippi Fred McDowell, Sam Cooke ou J.B. Lenoir, par exemple, se trouvent réécrits et transcendés. 

En expert des musiques traditionnelles du centre de la France et spécialiste mondial de la vielle à roue, Gilles Chabenat étonne par sa précision, son calme et sa maîtrise totale de l’instrument, en tirant des notes fluides, douces, entêtantes. Le batteur-percussionniste Marc Glomeau soutient l’ensemble avec une belle énergie sans verser dans l’ivresse ; il distille une rythmique alliant finesse et force, dans une recherche subtile et le choix de différents éléments toujours propices à alimenter l’attention de l’auditeur. Invité sur deux titres, le jeune chanteur Maxence Lattrémolière intervient pour une délicate et belle interprétation de ce qui s’appelle le chant de briolage, qui puise son origine dans les traditions des travaux des champs. 

Les plus intéressés par le spectacle – ceux qui ne s’attardent pas à vociférer à la buvette faisant face à la scène – ne s’y sont pas trompés : Muddy Gurdy est un groupe fascinant, diablement inventif, complet, dont chacun des membres agit constamment pour l’ensemble, et non pour briller individuellement par d’interminables démonstrations. Thornetta Davis les rejoint pour un dernier titre ; il est tard, il faut rentrer… et réécouter leur “Homecoming” en boucle. Merci Muddy Gurdy !
Marc Loison

Tia Gouttebel
Marc Glomeau
Gilles Chabenat
Maxence Lattrémolière
Thornetta Davis, Tia Gouttebel

Jeudi 26 mai

Être ensemble, sous les pommiers, le jeudi de l’Ascension, c’est une habitude, mais en 2022, à l’évidence, ce n’est pas pareil, c’est mieux. Le public (plusieurs dizaines de milliers), les bénévoles (405 à Coutances), les salariés (plus de 150) et les artistes (596) ne s’étaient pas vus et entendus depuis (trop) longtemps. Des dizaines de projets nés avant ou pendant les confinements voient enfin le jour sur scène. Que dire du concert “Supernova” donné par l’une des locales de l’étape, Ludivine Issambourg, flûtiste originaire de Bayeux (Calvados) ? “Supernova”, son nouvel album stratosphérique, vient de sortir. On avait entendu le bel hommage de la jeune femme à son aîné d’outre-Atlantique Hubert Laws ; la revoici en compagnie d’Antiloops, ses compagnons de route depuis dix ans déjà. Trois musiciens (claviers, basse, batterie) et une chanteuse présente à Coutances (Ellinoa) pour un concert intense et chaud bouillant.

Ne pas s’arrêter à la combinaison spatiale, chatoyante et très près du corps de Ludivine. Apprécier l’énergie d’une leader et d’un groupe un peu tendus mais soudés, yeux fermés pour mieux goûter les rythmes hip-hop et l’inventivité d’un projet d’une grande densité. Le violoniste Théo Ceccaldi, invité sur l’album, n’est pas là, mais il y a des boucles de voix (françaises) qui tournent sur Tiger space et une reprise de Bennie Maupin, Penumbra. C’était la première fois que Ludivine déclinait live son nouveau disque, réussi. À suivre autant que possible cet été, notamment à Juan-les-Pins fin juillet. 

Vendredi 27 mai

« Je suis une femme libre », lance Manou Gallo, puissante bassiste et chanteuse ivoirienne coiffée d’une magnifique coupe afro. Elle nous dit avoir préparé ce concert pendant six mois, chez elle, à Bruxelles. Là encore, sur l’étroite scène du Magic, l’énergie est débordante. Deux cuivres, un batteur (formidable), un clavier et un guitariste entourent la jeune femme. Difficile de ne pas succomber à un gumbo made in Côte d’Ivoire imprégné d’afrobeat. Celle qui figure sur un disque récent de son immense confrère Bootsy Collins (“World Wide Funk” en 2017) annonce qu’elle est là pour faire la « fiesta » et, de fait, le Magic Mirrors est « en danse », devant et derrière le bar. Long live the funk

Vive les femmes ! Quatre ans après la disparition de la Queen of Soul, les hommages se multiplient. Présenté une première fois en 2019 par le festival Jazz à la Villette et le Barbican Centre à Londres, “Respect to Aretha” affiche complet depuis longtemps à Coutances. C’est l’un ces concerts-événements de cette 41e édition. Il est un peu tard (22 h 15), on compte 19 musiciens  sur scène : quatre chanteuses lead (Alice Russell, Sandra Nkaké, Zara McFarlane et Robin McKelle – Bettye LaVette n’est plus de la partie), trois choristes, un maître de cérémonie, deux guitaristes et Antibalas en accompagnateurs de luxe. Est-ce trop ? « P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non. » Une évidence : la majorité des 1 400 spectateurs de la grande salle sont emballés. 

Entendre ici et maintenant quelques-uns des plus grands tubes de notre natural woman préférée est un plaisir. Chains of fool, Dr. Feelgood, Think et même Jump to it s’enchaînent sans accrocs. Sans que l’on soit totalement conquis non plus. Pas question de faire la fine bouche, mais on aurait aimé entendre davantage de soul, de jazz et de gospel, davantage de piano et de surprises. Épeler “R.E.S.P.E.C.T.”, plus d’un demi-siècle après la recréation du morceau d’Otis Redding par Aretha Franklin, n’est pas donné à tout le monde, le droit des femmes reste un combat, la cause n’est malheureusement pas encore entendue par tout le monde. On vient tout de même de vivre un moment important. 

Manou Gallo
Respect To Aretha
Sandra Nkaké
Robin McKelle
Zara McFarlane

Samedi 28 mai

Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Trois concerts d’une petite heure chacun, sur le parvis de la magnifique cathédrale de Coutances, au tarif de 4 euros l’unité, à l’heure du déjeuner et/ou de la sieste. Excellente nouvelle : le jeune jazz français va bien. Le projet Suzanne (référence à Leonard Cohen, mais pas seulement) me bluffe. Au centre, Pierre Tereygeol à la guitare et aux voix ; à ses côtés, Hélène Duret (clarinettes et voix) et Maëlle Desbrosses (violon alto et voix). Pour l’instant, ils n’ont enregistré qu’un EP et on a vraiment hâte d’entendre le résultat de leur session d’enregistrement prévue en fin d’année. Parce que là, c’est déjà formidable, délicat, précis et puissant. Un peu “intello” quand le groupe cite Guy Debord et la société du spectacle, mais tellement fort quand les trois voix se mêlent sur des chansons sans texte… Clou du spectacle, une reprise époustouflante du “classique” Satisfied mind inspirée d’une version enregistrée par le regretté Jeff Buckley. Suzanne, on compte sur vous. À très vite. 

Encore la sortie d’un nouvel album célébrée sous les pommiers ! Le tromboniste et chanteur Robinson Khoury vient de publier le très soigné “Broken Lines” (Gaya Music Production) et cela se fête. Même si le bar du Magic Mirrors reste fermé, comme à l’accoutumée, à cette heure-ci (mais pourquoi donc ?), l’ambiance est excellente et c’est un bonheur d’entendre à nouveau Pierre Tereygeol dans ses œuvres toujours très élégantes. Les bonnes vibrations circulent comme bon leur semble à l’intérieur de la petite salle comble ; chacun se concentre sur la musique à offrir et à partager ; quelques envolées nous échappent : c’est la scène découverte, l’une des belles réussites, avec la traditionnelle tente “avis aux amateurs”, de cette édition. 

Le soir, on applaudit le grand Avishai Cohen en trio et on se dit qu’il est bien tard. Rendez-vous, sous les Pommiers, en 2023, du 13 au 20 mai. D’ici là, on peut retrouver sur Internet (Culture Box et France Musique), quelques-uns des beaux concerts d’une édition très réussie. 
Julien Crué 

Texte : Julien Crué et Marc Loison
Photos © Stéphane Barthod

Suzanne
Robinson Khoury
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