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Live reports / 16.08.2022

Jazz à Vienne 2022, Nuit Du Blues

7 juillet 2022

Événement phare de l’été, le festival Jazz à Vienne comprend toujours une journée consacrée au blues avec une succession de concerts à partir de la fin d’après-midi. L’intérêt est évidemment musical mais aussi touristique car tout cela se déroule dans des lieux exceptionnels comme le jardin de Cybèle et le Théâtre Antique, formidables vestiges gallo-romains, et “Le Club” du théâtre François Ponsard avec ses jolis balcons peints.

Autre caractéristique de ce festival, la radio en direct Radio Jazz à Vienne, animée par Jean-Michel Lebreux, par ailleurs directeur des programmes de C’Rock Radio, qui diffuse tous les jours de la musique et des interviews des artistes programmés. Pour la journée du blues, Soul Bag a été invité à mener conjointement les interviews de Zac Harmon, Christone “Kingfish” Ingram et Manu Lanvin. Elles peuvent être écoutées en podcast ici.

La musique live a commencé juste avant l’émission radio avec Kévin Denard et se poursuit après avec Little Mouse & the Hungry Cats sur la scène Cybèle. Le groupe est en formule complète avec claviers et instruments à vent, et l’impression est tout de suite forte. Force, cohérence, maîtrise, compositions, présence scénique, le groupe a désormais une belle maturité et son blues rock est bien emmené par Claire Ramos Munoz au chant.

Il faut ensuite monter au Théâtre Antique pour la grande soirée. L’endroit est impressionnant avec les quelques milliers de personnes qui l’occupent peu à peu. Les nombreux bénévoles qui renseignent et guident tout le monde témoignent de l’organisation nécessaire pour un tel événement.

C’est Manu Lanvin & the Devil Blues qui ouvrent la soirée, et ils le font puissamment. Le son est énorme, au point de saturer l’écoute et faire perdre un peu de la composition musicale, l’harmonica de Bako Mikaelian étant par exemple presque inaudible. Cela n’empêche pas, bien au contraire, Manu de se donner avec sa générosité habituelle. Blues rock en anglais et français, voix grondante, multiples solos de guitare, il prend le public dans ses griffes et ne le lâche plus.

Manu Lanvin © Brigitte Charvolin
Bako Mikaelian © Brigitte Charvolin

Il faut cependant laisser la place à Zac Harmon et son orchestre au sein duquel on remarque Jamil Byron à la batterie. Harmon a une belle présence, avec sa haute stature, son élégance et son sourire, établissant de suite un lien fort avec le public. Blues, soul, rock, son répertoire est savamment agencé pour faire monter la tension et proposer les détentes qui vont de pair. Ses solos de guitare sont dosés, avec des nuances qui accrochent. Il fait s’illuminer le site quand, sur sa reprise de Knockin’ on heaven’s door, il demande aux spectateurs d’allumer la lumière de leurs téléphones. Ce sera le meilleur moment de la journée.

Zac Harmon © Brigitte Charvolin
Zac Harmon © Christophe Mourot
Zac Harmon Band © Brigitte Charvolin
Zac Harmon Band © Christophe Mourot

Christone “Kingfish” Ingram lui aussi crée un lien et une attention forts. Sa réputation l’a précédé, son physique le rend reconnaissable, c’est bien la sensation blues du moment. Les titres extraits de ses deux disques parlent de lui, retracent son histoire et lui permettent d’envoyer des solos virtuoses. C’est fait avec beaucoup de sérieux, et entièrement centré sur lui, ses trois accompagnateurs restant très statiques, presque effacés. Le spectacle s’anime quand Kingfish va jouer longuement au milieu du public, terminant un solo commencé sur scène, et se lançant dans un blues lent instrumental. Il a beau être encore jeune, c’est déjà un habitué de la scène, tout en maîtrise.

C’est la fin de la soirée au Théâtre Antique mais pas de la nuit puisqu’on peut encore aller voir Jamiah Rogers au Club dans le théâtre François Ponsard. Hélas, le son beaucoup trop fort pour un endroit de cette taille ne permettra pas de profiter longtemps du blues puissant proposé.

Christone “Kingfish” Ingram © Christophe Mourot
Christone “Kingfish” Ingram © Brigitte Charvolin

Texte : Christophe Mourot
Photos © Brigitte Charvolin et Christophe Mourot