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Live reports / 13.03.2024

JaRon Marshall and the French Connection, Studio de l’Ermitage, Paris, 2024

7 mars 2024

Une semaine avant le concert très attendu des Black Pumas au Zénith (le 15 mars), c’est au Studio de l’Ermitage que JaRon Marshall, membre de l’aventure depuis les débuts sur scène et sur disque, donnait rendez-vous pour présenter son propre répertoire. 

Après avoir joué avec son propre groupe il y a quelques mois au Duc des Lombards, c’est dans une configuration différente qu’il se présente cette fois-ci, puisqu’il est accompagné par un groupe de pointures françaises emmenées par le pianiste Laurent de Wilde : le saxophoniste Benjamin Petit, le contrebassiste Viktor Nyberg et le batteur Raphaël Pannier. Pas question cependant de reprises ou de standards pour l’occasion : c’est son propre répertoire original, issu de l’album “Earth Sounds” paru l’an passé, gravé avec son groupe The Collective, qui constitue l’essentiel du programme du jour, complété par les deux morceaux réunis sous le titre “Discotheques 001” fin 2023. 

Le registre est un soul jazz contemporain original et bien écrit, autant influencé par le son vintage d’Herbie Hancock ou de Stevie Wonder que par l’approche plus contemporaine d’un Robert Glasper qui se serait débarrassé de son goût pour la facilité et la démagogie. Aux claviers, il évoque souvent Hancock par la richesse et l’inventivité constante de son jeu, et Laurent de Wilde, au piano, lui donne la réplique avec une créativité de chaque instant. J’ignore quelles répétitions ont eu lieu avant le concert – l’ensemble des musiciens français jouent sur partition – mais la qualité du jeu collectif, qui met en valeur tous les participants, et l’osmose entre les musiciens est très impressionnante, de Wilde faisant preuve d’une spectaculaire implication, y compris physique, dans la musique, finissant certains morceaux debout devant son piano ! 

Marshall de son côté est un leader discret, se contentant d’indiquer les tempos et de conduire ses collègues par quelques gestes. Sa communication avec le public est minimale – il n’indique même pas les titres de ses compositions et ne fait pas la promotion de l’album –, laissant la musique parler pour elle-même. La qualité de l’écoute de la salle, qui salue régulièrement les différents solistes, est à la hauteur de ce qui est joué, créant le genre de moment de communion qui rappelle la puissance que peut avoir la musique live.

Au vu du programme de tournée des Pumas, il n’est pas certain que JaRon Marshall ait beaucoup l’occasion de se produire sous son nom dans les prochains mois, mais sa carrière future, en parallèle avec celle du groupe, méritera sans doute une attention particulière. 

Texte : Frédéric Adrian
Photos © The Vault

Photo d’ouverture © Laurent Lafont Battesti

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